International

«Nous protéger tous» : l'Allemagne sur le chemin de la vaccination obligatoire contre le Covid-19

Le futur chancelier allemand Olaf Scholz a estimé que trop peu de ses concitoyens s'étaient fait vacciner, justifiant ainsi une proposition de loi à venir. Il s'était pourtant prononcé contre une telle mesure durant sa campagne électorale.

L'Allemagne devrait bientôt franchir le pas de la vaccination obligatoire contre le Covid-19. La mesure, dont le pays refusait d'entendre parler il y a quelques mois, va faire l'objet d'une proposition de loi soumise au Parlement avant la fin de l'année pour tenter d'enrayer la flambée d'infections, selon le futur chancelier Olaf Scholz. Bild précise que la majorité des députés allemands y seraient favorables.

L'Allemagne avait jusqu'ici écarté l'option radicale d'imposer la vaccination, retenue par le voisin autrichien. Par ce revirement spectaculaire, la première économie européenne espère convaincre un maximum de citoyens de faire le choix du vaccin avant que celui-ci ne devienne impératif si les députés le décident. «Trop de gens ne se sont pas fait vacciner», a déclaré Olaf Scholz à la chaîne Bild TV. Rendre les vaccins obligatoires est justifié «pour nous protéger tous», a-t-il ajouté, précisant qu'il souhaitait que «ce ne soit pas le gouvernement qui prenne l'initiative, car c'est une question de conscience, mais que ce soient les députés qui fassent une ou plusieurs propositions en ce sens pour régler cette question», en vue d'une entrée en vigueur en février ou mars.

Jusqu'à 30 millions de vaccinations initiales, secondaires et de rappel devraient être possibles

Le prochain chancelier social-démocrate, qui devrait prendre ses fonctions dès la semaine prochaine, s'exprimait à l'issue d'une réunion d'urgence avec la dirigeante sortante Angela Merkel, la future coalition et les chefs des régions pour examiner différentes mesures destinées à combattre la quatrième vague d'infections. Olaf Scholz s'était pourtant prononcé contre une telle mesure durant sa campagne électorale, dans un pays où les restrictions contre le Covid-19 ont fortement divisé l'opinion publique.

Le débat sur cette question est monté en puissance ces dernières semaines alors que le pays est durement frappé par le rebond des contaminations. A l'issue de la réunion du 30 novembre, «tous s'accordent à dire que la quatrième vague de la pandémie a entraîné une situation extrêmement grave, parfois dramatique au niveau régional, dans notre système de santé, à laquelle l'État fédéral et les Länder vont réagir ensemble et avec détermination», a déclaré dans un communiqué la chancellerie, à quelques jours du départ d'Angela Merkel.

La situation sanitaire reste tendue, avec le 30 novembre un taux d'incidence de 452,2 pour 100 000 habitants. Première priorité, selon la chancellerie : poursuivre la campagne vaccinale. «D'ici Noël, jusqu'à 30 millions de vaccinations initiales, secondaires et de rappel devraient être possibles», selon la chancellerie, favorable à ce que «le cercle des personnes autorisées à pratiquer la vaccination soit considérablement élargi». L'obligation vaccinale a été récemment décidée pour les personnels des maisons de retraite et hôpitaux, de même que les soldats de la Bundeswehr, et devrait bientôt entrer en vigueur.

64% de la population favorable, selon un sondage

Le camp conservateur CDU/CSU de la chancelière sortante Angela Merkel, qui s'apprête à passer dans l'opposition, soutient désormais la vaccination obligatoire. Et selon le quotidien Welt, une large majorité des députés écologistes, qui vont gouverner avec les sociaux-démocrates, y sont également favorables.

La campagne de vaccination a permis à cette date la vaccination complète d'environ 57 millions de personnes (68,5%). La vaccination obligatoire, longtemps rejetée par une majorité d'Allemands, est désormais réclamée par près de deux tiers d'entre eux (64%), selon un récent sondage des médias RTL et n-tv.

D'autres mesures devraient être discutées le 2 décembre, dont «l'introduction d'importantes restrictions de contact, surtout pour les personnes non vaccinées, y compris lors de réunions privées» ou «l'extension des règles 2G [vacciné ou guéri] au commerce de détail» et des «restrictions lors de grands événements». La Cour constitutionnelle allemande a conforté le 30 novembre ces appels à un nouveau tour de vis en jugeant légales les restrictions radicales imposées au début de la pandémie pour endiguer les infections, notamment les couvre-feux, les fermetures d'écoles et les limitations de sortie.