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Nicaragua : l'OEA conteste la réélection d'Ortega, Managua dénonce une ingérence

L'Organisation des Etats américains a dénoncé les résultats de l'élection présidentielle au Nicaragua qui, selon elle, manquerait de «légitimité démocratique». Managua dénonce une ingérence et une attaque contre le peuple nicaraguayen.

Dans une résolution adoptée le 12 novembre à l'occasion de sa 51e Assemblée générale, l'Organisation des Etats américains (OEA), basée à Washington et dominée par la diplomatie étasunienne, a estimé que le scrutin présidentiel du 7 novembre au Nicaragua qui a vu la réélection de Daniel Ortega n'avait été «ni libre, ni équitable, ni transparent» et manquait de «légitimité démocratique».

Le texte, approuvé par 25 votes sur les 34 membres actifs de l'organisation, juge que «les institutions démocratiques au Nicaragua ont été sérieusement sapées par le gouvernement» et demande au Conseil permanent, l'organe exécutif de l'OEA, de mener d'ici au 30 novembre «une évaluation collective immédiate» et de prendre «les mesures appropriées».

La résolution de l'OEA a été, sans surprise, applaudie par les Etats-Unis, le représentant de Washington Bradley Freden comparant même le gouvernement d'Ortega à celui du dictateur Anastasio Somoza, que le président actuel avait contribué à renverser lors de la révolution sandiniste de 1979.

Le représentant du gouvernement du Nicaragua, Michael Campbell, a vigoureusement rejeté cette déclaration, dénonçant une «attaque contre le peuple libre du Nicaragua» de la part de gouvernements qui ignorent, selon lui, la situation sociale et politique que son pays traverse. «Une autre attaque contre le peuple digne, libre et souverain du Nicaragua sera enregistrée dans l'histoire comme l'une des pires agressions contre la démocratie, les principes du droit international, la Charte des Nations unies et la Charte de l'OEA elle-même», a dénoncé Michael Campbell.

Deux jours plus tôt, le diplomate avait invité l'OEA à «se renouveler» et à abandonner «l'ingérence». Lors d'une séance plénière de l'Assemblée générale, Michael Campbell avait exigé que les pays de l'organisation n'oublient pas «un seul instant les principes de respect de la souveraineté nationale, de libre autodétermination et de non-ingérence dans les affaires des Etats». Il a assuré que les élections du 7 novembre au Nicaragua s'étaient déroulées «en paix» avec la participation de plus de trois millions d'électeurs sur une population de plus de 6,6 millions d'habitants.

A l'issue de l'élection présidentielle en Bolivie en 2019, l'OEA avait joué un rôle non négligeable dans la démission précipitée de l'ancien président Evo Morales. L'organisation avait en effet appuyé la thèse d'une fraude électorale de la part du camp présidentiel, ce qui avait contribué à provoquer des manifestations violentes avec l'appui de l'armée et de la police. Néanmoins, les «preuves» de cette thèse se sont réduites comme peau de chagrin au fil des mois, fragilisant ainsi le récit médiatique qui lui avait servi de relai.