Crise migratoire : la Biélorussie accuse l'UE de faire preuve d'une fermeté inhabituelle
Le ministre biélorusse des Affaires étrangères a accusé l'Union européenne de se montrer bien moins accueillante que d'ordinaire, alors que quelques milliers de migrants se voient refuser l'entrée en Pologne depuis la Biélorussie.
L'Union européenne se montre-t-elle exceptionnellement dure vis-à-vis de l'immigration clandestine lorsque celle-ci passe par le territoire biélorusse ? C'est en substance l'accusation portée par Minsk, dans le contexte de tensions à la frontière biélorusso-polonaise, autour de laquelle se sont massés plusieurs milliers de migrants venus essentiellement du Moyen-Orient.
Selon le chef de la diplomatie biélorusse Vladimir Makeï, les migrants bénéficieraient de «privilèges» et de «protection» lorsqu'ils arrivent par la Méditerranée ou les Balkans sur le sol de l'Union européenne, tandis que celle-ci se montre extrêmement intransigeante envers les clandestins qui tentent d'entrer en Pologne depuis la Biélorussie. Le ministre biélorusse s'est exprimé à ce sujet le 10 novembre, lors d'une conférence de presse commune avec son homologue russe Sergueï Lavov.
Nœud de tensions à la frontière Biélorussie-Pologne
La Pologne accuse la Biélorussie – mais aussi la Russie – d'orchestrer cette vague migratoire à sa frontière, qu'elle qualifie d'«attaque». Varsovie a déployé 15 000 soldats dans la zone, en plus de policiers et de garde-frontières.
Les Européens affirment que le président biélorusse Alexandre Loukachenko alimente la crise en délivrant des visas à des migrants et en les acheminant à la frontière pour se venger de sanctions européennes.
Minsk a dénoncé des accusations «sans fondements» et considère que Varsovie et ses alliés occidentaux exacerbent délibérément les tensions pour prendre des sanctions à son encontre. Les garde-frontières biélorusses ont également accusé les forces polonaises d'avoir fait usage de gaz lacrymogène et d'avoir exercé une «pression psychologique» sur les migrants, notamment en utilisant des haut-parleurs et des projecteurs la nuit.
La Russie, de son côté, a jugé «inacceptable» l'accusation polonaise a son sujet. Moscou a en outre pointé du doigt la responsabilité des politiques occidentales dans l'accroissement des flux migratoires depuis certaines régions du monde.