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Sous-marins : en pleine crise diplomatique, la France réclame une «preuve d'amour» de l'Australie

L'ambassadeur français en Australie s'est exprimé sur la possibilité de rebâtir une relation de confiance avec Canberra, alors que l'Elysée s'agace d'un SMS attribué à Emmanuel Macron, révélé dans la presse australienne.

Lors d'une intervention devant le Club de la presse de Canberra ce 3 novembre, l'ambassadeur de France en Australie, Jean-Pierre Thébault, a emprunté au registre amoureux pour évoquer les relations entre les deux pays, marquées par une crise diplomatique qui bat son plein.

«Désormais, par expérience, nous ne croirons plus les belles paroles, les promesses d'amour», a affirmé le diplomate français, poursuivant : «L'amour, c'est bien. Avoir une preuve d'amour c'est bien mieux.»

«Nous pouvons reconstruire quelque chose de substantiel, mais nous partons de très loin. Malheureusement», a encore commenté Jean-Pierre Thébault, dont les propos sont rapportés par l'AFP.

L'ambassadeur français avait été rappelé par Paris en septembre, après la rupture par Canberra d'un contrat majeur avec la France portant sur la vente de 12 sous-marins. Cette annulation au profit d'un partenariat stratégique avec les Etats-Unis, autre pays supposément allié de Paris, avait été dénoncée comme une «humiliation» par certains membres de la classe politique française. 

SMS fuité : Paris dénonce des «méthodes très inélégantes»

Plus récemment, la crise diplomatique a connu un nouveau soubresaut lorsqu'Emmanuel Macron a accusé, le 31 octobre, le Premier ministre australien Scott Morrison d'avoir délibérément menti à propos des négociations secrètes menées avec Washington sur l'accord de défense Aukus.

Dans la foulée, la presse australienne, s'appuyant sur une source anonyme «au fait des échanges» a révélé un SMS envoyé par le président français au Premier ministre australien, deux jours avant la dénonciation du contrat. Selon le Daily Telegraph, Scott Morrison aurait en effet tenté d'obtenir un entretien téléphonique avec Emmanuel Macron le 14 septembre, la veille de l'annonce. «Dois-je attendre de bonnes ou de mauvaises nouvelles pour nos ambitions communes en matière de sous-marins ?», aurait répondu le président français par SMS.

Interrogé par un éditorialiste d'ABC durant sa conférence de presse sur la possibilité qu'il ait lui-même fait fuiter le message, Scott Morrison n'a pas démenti.

Cité par l'AFP, l'entourage d'Emmanuel Macron a pour sa part dénoncé les «méthodes très inélégantes» de Canberra. «C'est un coup bas sans précédent», a ajouté l'ambassadeur français en Australie lors de son intervention ce 3 novembre, évoquant «peut-être la confirmation que nous n'étions pas considérés comme un allié». 

«Agir ainsi envoie un signal très inquiétant à tous les chefs d'Etat : sachez qu'en Australie, il y aura des fuites. Ce que vous dites en toute confidentialité à vos alliés sera un jour utilisé et retourné contre vous», a poursuivi Jean-Pierre Thébault, évoquant un «coup de poignard dans le dos».

Vu d'Australie, le SMS d'Emmanuel Macron est censé démontrer que le dirigeant français était au courant des difficultés entourant le contrat à 55 milliards d'euros. Pourtant, la réponse du Premier ministre australien à son message n'a, elle, pas été révélée dans les médias...