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Le Premier ministre australien dément les propos de Macron, qu'il qualifie d'«insultes»

Emmanuel Macron a affirmé que Scott Morrison lui avait menti en ne le prévenant pas de la rupture imminente du contrat de sous-marins entre l'Australie et la France. Ce dernier a assuré que Macron était au courant «des inquiétudes» côté australien.

Le ton continue de monter entre le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre australien Scott Morrison, chacun affinant sa version au fil des jours sur l'annulation du contrat de sous-marins entre la France et l'Australie annoncée mi-septembre.

Emmanuel Macron avait déclaré le 31 octobre être certain que Scott Morrison lui avait menti à propos des négociations secrètes avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni sur l'accord de défense Aukus, qui ont entraîné la rupture du contrat franco-australien.

Le Premier ministre du pays d'Océanie a démenti le 1er novembre auprès de journalistes les propos du chef d'Etat français, qu'il a qualifiés d'«insultes». Depuis Glasgow où il participe à la Cop26, il a assuré que Macron savait que l'Australie envisageait de se retirer du contrat conclu avec Naval Group, et qu'il avait été aussi transparent que possible sur le fait que les sous-marins à moteur diesel ne pouvaient pas répondre aux besoins de son pays.

«Nous avons décidé dans l'intérêt de l'Australie de ne pas aller de l'avant avec le contrat Naval Group qui aurait dû prendre fin en décembre dernier. […] Des retards dans le contrat ont fait que cela n'a pas eu lieu et qu'il s'est prolongé jusqu'en juillet. [...] Emmanuel Macron était clairement conscient depuis quelques mois qu'il y avait des inquiétudes» côté australien, a développé Scott Morrison devant les caméras.

«J'ai les épaules larges, je peux gérer ça», a également expliqué Scott Morrison le 1er novembre, ajoutant que «l'Australie est fière de son bilan en ce qui concerne sa capacité de défense» et qu'il ne s'attendait pas à recevoir des «insultes» quand il s'agissait de l'intégrité nationale de son pays.

Morrison a assuré qu'il avait tenté d'informer de vive voix Macron de l'accord Aukus avant qu'il ne soit dévoilé le 15 septembre mais le président français aurait été, selon lui, injoignable. Le chef du gouvernement australien a affirmé qu'il avait ensuite envoyé un SMS au président français. Dans la soirée du 1er novembre, le quotidien australien The Daily Telegraph a publié un article affirmant que Macron était au courant de la rupture à venir du contrat.

L'Elysée agacée par la divulgation d'un SMS attribué à Macron

Le journal cite des messages entre les deux dirigeants, en se basant sur une source anonyme «au fait des échanges», d'après le compte-rendu qu'en fait Reuters. Selon le média australien, Scott Morrison aurait tenté d'obtenir un entretien téléphonique avec Emmanuel Macron le 14 septembre, la veille de l'annonce. «Dois-je attendre de bonnes ou de mauvaises nouvelles pour nos ambitions communes en matière de sous-marins ?», aurait répondu le président français par SMS. Etonnamment, la réponse du Premier ministre australien n'a pas été révélée par le journal de son pays.

Le chef d'Etat australien a d'ailleurs été interrogé par un éditorialiste d'ABC durant sa conférence de presse sur la possibilité qu'il ait lui-même fait fuiter le SMS attribué à Macron. Scott Morrison n'a pas nié, se contentant de dire qu'il ne souhaitait pas aborder le sujet. «Ce que je dirai simplement, c'est ceci : nous avons été contactés alors que nous étions en train de préparer l'appel téléphonique. [Emmanuel Macron] a clairement indiqué qu'il craignait qu'il s'agisse d'un appel qui pourrait résulter du choix de l'Australie de ne pas honorer le contrat», a-t-il expliqué.

Pas de nature à améliorer les relations entre la France et l'Australie

L'Elysée n'aurait pas du tout goûté cette divulgation d'un échange privé entre les deux dirigeants, ne niant pas non plus son authenticité. Auprès du Parisien ce 2 novembre, un conseiller du président de la République a expliqué sous couvert d'anonymat que «divulguer le SMS d'un échange entre chefs d’État ou de gouvernement, c'est une méthode assez inélégante et particulière». «Jamais le président de la République ne s'aviserait de divulguer ce genre de communication. Et cela n'est pas de nature à améliorer les relations entre la France et l'Australie», a ajouté ce membre du palais présidentiel, pour qui la confiance entre les deux pays «est totalement brisée».

En outre, l'Elysée a démenti - une fois encore - la version de Scott Morrison sur le déroulé des discussions : «Il y a eu un seul appel, c'était un mercredi. À 11 heures. Or, le président était en plein Conseil des ministres à ce moment, il ne pouvait pas répondre. On a du mal à croire que le Premier ministre australien n'ait pas été avisé de cette contrainte. Il savait très bien que le président serait injoignable.»

«Dans la foulée», ajoute la source du Parisien, la présidence française aurait appris la rupture du contrat et la tenue d'une conférence de presse dans l'après-midi entre Joe Biden, Boris Johnson et Scott Morrison. «C'est une curieuse méthode. On a laissé aucune chance à la France de pouvoir se retourner et de faire une contre-proposition alors que nous avions les moyens d'en faire. Une fois de plus, ce n'est pas le choix que nous dénonçons, il est souverain. Mais c'est la méthode», a déploré l'Elysée.