Le 28 septembre, le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que la suppression des deux chaînes de RT en allemand par YouTube s'inscrivait dans le cadre d'une «agression» permanente contre le média avec l'approbation tacite de Berlin, et qu'elle fera l'objet de représailles appropriées. Le Kremlin a lui évoqué un acte de «censure» et prôné «une tolérance zéro».
«Il y a des signes témoignant que les lois russes ont été violées et qu'elles ont été violées de manière grossière, c'est lié à la censure et à des entraves à la diffusion d'informations», a assuré devant la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, prônant une «tolérance zéro face à de telles violations».
Qualifiant cette mesure d'«acte d’agression médiatique sans précédent » et de «manifestation de censure et d'oppression de la liberté d’expression», le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que YouTube avait agi «avec l'assentiment évident, sinon sur l’insistance» des autorités allemandes.
Le ministère a souligné que l'Allemagne a soumis la chaîne russe à «des années» de «harcèlement [...] de blocages de comptes bancaires, de diffamation dans l’espace public». Il a également déclaré que l'objectif de cet acte était d'«étouffer les sources d’information qui ne rentrent pas dans le contexte médiatique que les responsables allemands considèrent comme confortable».
Les autorités russes ont également rappelé que le 28 septembre – le jour de la censure de RT en allemand par YouTube – est désignée par l'ONU comme étant la Journée internationale de l'accès universel à l'information.
Qualifiant d'«imaginaires» les règles selon lesquelles YouTube a supprimé les chaînes de RT en allemand, Margarita Simonian, rédactrice en chef monde de RT, a dénoncé une politique du deux poids, deux mesures : «En parallèle, les anti-vaccins, les terroristes et les fascistes de toutes sortes parlent tranquillement sur YouTube.» «Il s'agit d'une véritable guerre médiatique déclarée par l'Etat allemand à l'Etat russe [...] J’attends avec impatience que mon pays natal m'interdise sans plus attendre de regarder Deutsche Welle et d’autres médias allemands en Russie et ferme les bureaux d’ARD et de ZDF», a-t-elle également déclaré.
Des mesures de rétorsion semblent «non seulement appropriées, mais aussi nécessaires»
Le ministère russe des Affaires étrangères s'est fait l'écho de ce sentiment, déclarant que les mesures de rétorsion semblaient «non seulement appropriées, mais aussi nécessaires». Il estime qu'il s'agit du «seul moyen possible de susciter l’intérêt de nos partenaires pour le développement d'un dialogue constructif et important autour de cette situation inacceptable».
Alors que l'appel de RT en allemand auprès de YouTube est en cours d'examen, le gouvernement russe a annoncé être en train de travailler à la formulation de mesures de rétorsion contre YouTube, ainsi que contre les médias allemands.
Dans un communiqué de presse publié le 29 septembre, le régulateur russe des médias Roskomnadzor a exigé que la chaîne YouTube de RT en allemand soit de nouveau accessible sous peine de devoir prendre des mesures contre la firme américaine. Dans le document, Roskomnadzor «exige la levée de toutes les restrictions des chaînes YouTube RT DE et Der Fehlende Part [La pièce manquante, émission qui possède sa propre chaîne] gérées par le média RT, dès que possible».
Le 28 septembre, YouTube avait justifié la suppression de RT en allemand en invoquant des «violations graves ou répétées» aux règles de la communauté, en précisant qu'il s'agissait de «contenu qui violait [sa] politique sur les fausses informations médicales concernant l’infection au Covid-19». Ce sont ainsi 614 000 abonnés qui ne peuvent plus accéder au contenu de la chaîne, dont l'émission Der Fehlende Part (La pièce manquante) qui possède sa propre chaîne YouTube.