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Algérie : Abdelaziz Bouteflika inhumé à l'issue de funérailles discrètes

S'il a bien été inhumé au carré des martyrs où reposent les héros algériens de la guerre d'indépendance, Abdelaziz Bouteflika ne bénéficiera pas des mêmes honneurs. L'exposition de sa dépouille au public n'a pas eu lieu.

Abdelaziz Bouteflika, l’ancien président de l’Algérie, a été inhumé le 19 septembre au cimetière d'El Alia à Alger, au carré des martyrs réservé aux héros de la guerre d'indépendance mais avec moins d'honneurs que ses prédécesseurs. 

Comme le rapporte, l’agence Algérie presse service, l'actuel président Abdelmadjid Tebboune, ainsi que d'autres personnalités officielles étaient présents lors de l'enterrement. L'exposition de sa dépouille au Palais du peuple à Alger a été annulée. Les corps des prédécesseurs d’ Abdelaziz Bouteflika – et même son ex-chef d'état-major Ahmed Gaïd Salah – avaient tous été exposés dans ce Palais avant d'être enterrés.

Abdelaziz Bouteflika s'est éteint le 17 septembre à l'âge de 84 ans dans sa résidence médicalisée à Zeralda à l’ouest d’Alger, où il vivait depuis son accident vasculaire cérébral survenu en 2013. Pour rappel, il avait quitté le pouvoir en avril 2019 sur fond de contestations importantes alors qu’il escomptait briguer un cinquième mandat présidentiel.

Des hommages prudents de la part de la présidence algérienne

Il avait fallu plusieurs heures après l’annonce du décès d’Abdelaziz Bouteflika pour que le président Abdelmadjid Tebboune finisse par décréter la mise en berne du drapeau national «pendant trois jours» afin d’honorer la mémoire du «moudjahid [combattant de l’indépendance] Abdelaziz Bouteflika». Ces balbutiement protocolaires témoigneraient, selon les observateurs, de l'image encombrante d'un ancien dirigeant qui risquerait de provoquer de nouvelles manifestations hostiles. 

Plusieurs chefs d'Etat ont rendu hommage à Abdelaziz Bouteflika. Le roi du Maroc Mohammed VI a adressé un message de «condoléances et de compassion» au président algérien, tandis qu'Emmanuel Macron a salué une «figure majeure» de l'Algérie.

Pour Kader Abderrahim, le bilan d'Abdelaziz Bouteflika est «mitigé»

Kader Abderrahim, directeur de recherche à l’IPSE et maître de de conférences à Sciences Po, s’est exprimé le 19 septembre au sujet du bilan politique Abdelaziz Bouteflika. Il a estimé au micro de RT France que malgré une action politique contrastée, l’ancien président de l’Algérie a le mérite d’avoir mis fin au conflit «entre l’armée et les islamistes» qui sévissait dans les années 1990. Il a également souligné son rôle diplomatique crucial qui aurait, toujours selon Kader Abderrahim, «contribué à faire sortir l’Algérie de son isolement». «Il a également ramené l’Algérie dans le concert des nations», a insisté le maître de conférence.

Cela n’enlève toutefois en rien les problèmes liés au «népotisme» ou encore au «niveau de corruption» et, avec eux, «l’émergence d’une véritable oligarchie des affaires qui a bâti des fortunes considérables», a rappelé  Kader Abderrahim.

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