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Quand Joe Biden estimait début juillet «hautement invraisemblable» la prise de pouvoir des Taliban

«Le gouvernement afghan a clairement la capacité pour se maintenir en place», expliquait le 8 juillet le président américain. Son chef de la diplomatie assurait qu'une «détérioration significative de la sécurité» était impossible en quelques jours.

En à peine quelques semaines, les affirmations péremptoires des plus hautes autorités américaines au sujet de la situation en Afghanistan ont été démenties par les faits.

Alors que le pays se trouve ce 16 août en proie au chaos suite à l'effondrement des forces gouvernementales et la fuite à l'étranger du président Ashraf Ghani après la prise de contrôle des Taliban, dans un contexte de retrait à bas bruit des soldats américains après 20 ans de présence sur le sol afghan, retour sur les déclarations du président Joe Biden et de son chef de la diplomatie Antony Blinken.

Le 8 juillet dernier, le successeur de Donald Trump à la Maison blanche prenait «un gros risque politique», selon le spécialiste des Etats-Unis Corentin Sellin, en expliquant en conférence de presse que «la probabilité d'un gouvernement [mené par les Taliban] uni en Afghanistan contrôlant tout le pays [était] hautement invraisemblable» à l'issue du retrait américain, entamé en mai et qui devait s'achever le 31 août. Interrogé par une journaliste de The Hill, qui citait les services de renseignements américains eux-mêmes prédisant que le gouvernement afghan risquait de s'effondrer, Joe Biden avait assuré : «Ce n'est pas vrai». «Le gouvernement afghan a clairement la capacité pour se maintenir en place», poursuivait le chef d'Etat démocrate.

Blinken rejette la faute sur les soldats afghans

Un mois avant cette conférence de presse, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken assurait le 7 juin auprès de l'agence AP que la situation resterait sous contrôle. Questionné sur la possibilité d'une «détérioration significative de la sécurité», le chef de la diplomatie avait précisément répondu : «Je ne pense pas que ce sera quelque chose qui se produira du vendredi au lundi.» Or, il a suffi de dix jours aux Talibans pour prendre le contrôle de quasiment tout l'Afghanistan.

Le 15 août, un journaliste de NBC est revenu sur cette déclaration en direct avec Antony Blinken, lui demandant : «Comment cette évaluation [de la situation] avait-elle pu être si mauvaise ?» Le secrétaire d'Etat a alors expliqué que «l'incapacité des forces afghanes à défendre leur propre pays a joué un rôle significatif dans ce que nous voyons depuis plusieurs semaines». «La communauté internationale a investi des milliards de dollars depuis 20 ans dans les forces afghanes – ­300 milliards – , pour des équipements militaires modernes dont les Taliban ne disposent pas, et malheureusement, tragiquement, elles ont été incapables de défendre le pays», a-t-il conclu.

La situation en Afghanistan s'est rapidement détériorée le week-end du 15 août avec la prise de toutes les grandes villes par les Taliban et la démission du président Ashraf Ghani. A l'aéroport de Kaboul, de nombreux pays continuent d'exfiltrer leur représentation diplomatique et leurs ressortissants dans un climat chaotique, certains comparant même le retrait américain à celui du Vietnam en 1975.