Certaines images, par le poids symbolique qu'elles véhiculent, marquent l'histoire. La retraite précipitée des forces armées américaines de Saïgon – aujourd'hui Hô-Chi-Minh ville – après leur défaite contre le Viet Cong est de celles-là.
Conscient de l'impact qu'ont eu ces images sur la perception de la puissance des Etats-Unis à l'international, le secrétaire d'Etat Antony Blinken, confronté à l'évacuation d'urgence des ressortissants et du personnel diplomatique américain de Kaboul, a tenu à souligner face à la presse que, selon lui, les deux situations étaient incomparables.
«Ce n'est pas Saïgon», a ainsi affirmé sur CNN le chef de la diplomatie américaine ce 15 août. «Nous sommes allés en Afghanistan il y a 20 ans avec une mission et cette mission était de régler le compte de ceux qui nous ont attaqués le 11 Septembre. Nous avons accompli cette mission», a-t-il tenté de convaincre.
Difficile pourtant de ne pas avoir en tête ledit parallèle à la vue des images d'un hélicoptère américain survolant l'ambassade des Etats-Unis, quelques heures avant que les Taliban n'entrent dans Kaboul, puis n'investissent le palais présidentiel.
Face à l'inexorable avancée des Taliban ce 15 août, la plupart des ambassades occidentales ont tenté de coordonner l'évacuation de leurs ressortissants au plus vite. De nombreux Afghans tentant de fuir se sont également rendus sur le tarmac de l'aéroport de Kaboul, donnant lieu à des scènes confuses.
Dans ce chaos, l'ambassade des Etats-Unis a par ailleurs ajouté une touche de tension, émettant dans la journée une alerte de sécurité à l'attention de ses ressortissants. «Selon certaines informations, l'aéroport serait la cible de tirs ; nous demandons donc aux citoyens américains de s'abriter sur place», a écrit l'ambassade.
Le président américain Joe Biden avait dit début juillet avec assurance qu'il n'y aurait «aucune circonstance où vous verrez des gens être emportés du toit d'une ambassade des Etats-Unis depuis l'Afghanistan».
L'effondrement du gouvernement afghan et de son armée financée par Washington, la fuite à l'étranger du président Ashraf Ghani, et le ballet des hélicoptères pour évacuer le personnel de l'ambassade américaine : ces faits historiques risquent de peser nettement plus lourds que les assurances de l'administration Biden sur une mission «réussie».