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Biden sanctionne la police cubaine et promet d'autres mesures

Le président américain a décrété de nouvelles sanctions contre la Havane en ajoutant à l'embargo et aux innombrables sanctions contre l'île de nouvelles mesures contre la police cubaine, après les manifestations des 11 et 12 juillet.

Les Etats-Unis ont pris le 30 juillet des sanctions contre la police cubaine, Joseph Biden promettant que d'autres mesures allaient suivre à moins d'un changement «drastique» à Cuba. En marge d'une réunion à la Maison Blanche avec des représentants des Américains d'origine cubaine très hostiles à La Havane, le président américain a assuré qu'il «il y en aura[it] d'autres, à moins d'un changement drastique à Cuba», ce qu'il n'attend pas.

Les Etats-Unis ont ainsi sanctionné le 30 juillet deux hauts responsables de la police cubaine, ainsi que l'ensemble de la Police nationale révolutionnaire (PNR) pour leur «participation à la répression des récentes manifestations contre le gouvernement cubain», a annoncé le département du Trésor. Le directeur de la PNR, Oscar Callejas Valcarce, et le directeur adjoint Eddy Sierra Arias, qui sont accusés de «graves violations des droits humains», sont ajoutés à la liste noire des Etats-Unis. Leurs éventuels avoirs aux Etats-Unis seront gelés et l'accès au système financier américain leur est dorénavant interdit.

«Le Trésor continuera de sanctionner et d'identifier par leurs noms ceux qui facilitent les graves violations des droits humains du régime cubain», a noté la directrice de la principale unité du Trésor chargée des sanctions, Andrea Gacki. «Les mesures prises aujourd'hui sont destinées à faire rendre des comptes à ceux qui sont responsables de la répression des appels du peuple cubain à la liberté et au respect des droits humains», a-t-elle ajouté.

Cuba, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Bruno Rodriguez, a dans la foulée rejeté «fermement» l'inclusion de la PNR et de ses deux responsables sur des listes jugées «fallacieuses». «Ces mesures arbitraires s'ajoutent à la désinformation et à l'agression pour justifier un blocus inhumain contre Cuba», a écrit le ministre sur Twitter, en référence à l'embargo de Washington envers l'île depuis 1962.

«La rencontre du président Biden avec les annexionnistes cubains est une farce pour justifier l'opération de changement de régime contre Cuba. Le gouvernement américain ne s'intéresse qu'à la machinerie électorale de la Floride tout en ignorant les revendications du peuple cubain, de ses électeurs cubains et américains, et du monde», a ajouté le chef de la diplomatie cubaine dans un autre tweet en anglais et en espagnol.

L'opportunité des manifestations pour resserrer l'étau

Les 11 et 12 juillet, des milliers de Cubains avaient manifesté aux cris de «Nous avons faim» ou «A bas la dictature». A l'issue de ces manifestations, les plus importantes depuis la révolution qui a porté Fidel Castro au pouvoir en 1959, une centaine de personnes ont été arrêtées, selon diverses organisations de l'opposition.

Washington a immédiatement saisi l'opportunité pour multiplier les condamnations contre l'île sous embargo américain depuis 1962. Le Trésor a annoncé le 22 juillet une première série de sanctions financières ciblées contre le ministre cubain de la Défense Alvaro Lopez Miera et les «bérets noirs», une unité spéciale du ministère de l'Intérieur déployée lors des manifestations. Mais l'impact de ces sanctions, qui viennent s'ajouter à celles, beaucoup plus générales, qui visent déjà l'île des Caraïbes depuis des décennies, est très limité, d'autant que le ministère de l'Intérieur dans sa globalité était déjà sur la liste noire américaine.

Cuba, une île sous embargo étasunien depuis près de 60 ans car elle mène une politique socialiste souveraine à quelques dizaines de kilomètres des côtes de Miami, a vu l'étau se resserrer sous Donald Trump, lequel a multiplié les sanctions contre le pays et l'a placé sur la liste noire des Etats soutenant le terrorisme. Son successeur, Joseph Biden, accusé de mollesse par les Républicains, ne fait pourtant que poursuivre une politique hostile envers le gouvernement cubain.

Les manifestations des 11 et 12 juillet se sont déroulées dans un contexte économique difficile pour Cuba, aggravé par l'épidémie de Covid-19. Les restrictions liées à l'embargo de Washington touchent en effet tous les secteurs de l'économie cubaine, l'île peinant à se procurer des produits de première nécessité. Plusieurs pays, dont la Russie, ont envoyé de l'aide humanitaire à Cuba ces dernières semaines.

Par ailleurs, le gouvernement cubain et ses alliés soupçonnent les manifestations antigouvernementales d'avoir été attisées sur les réseaux sociaux depuis l'étranger. Plusieurs manifestations progouvernementales se sont en outre déroulées ces dernières semaines à Cuba, comme à l'étranger, où elles ont réuni des milliers de personnes.