Le 17 juillet, des milliers de partisans du gouvernement cubain ont participé à La Havane à un meeting de «réaffirmation révolutionnaire», six jours après des manifestations contre les autorités. S'adressant aux milliers de personnes présentes, le président Miguel Diaz-Canel a dénoncé la diffusion «d'images fausses» faisant partie d'«un manuel de guerre non-conventionnelle» menée selon lui par les Etats-Unis. Âgé de 90 ans, son prédécesseur Raul Castro était également présent.
«Nous sommes nés pour vaincre et non pour être vaincus !» ou encore «A bas les Yankees !», criait la foule réunie sur le Malecon, le boulevard côtier de La Havane, tout en se disant prête à soutenir son président «pour quoi que ce soit», comme le rapporte l'AFP.
Réunis dès l'aube, plusieurs milliers de personnes portant le drapeau de Cuba et celui du Mouvement du 26 juillet (créé par Fidel Castro lors de la révolution de 1959) ont longuement applaudi le président Miguel Diaz-Canel et son prédécesseur Raul Castro, vêtu de son uniforme de général. Ce dernier, qui avait mené la révolution avec son frère en 1959 et lui avait succédé à la tête du pays en 2008, est officiellement à la retraite depuis avril dernier.
Les Etats-Unis et le «terrorisme médiatique» mis en cause
Dans son discours, le président Diaz-Canel a dénoncé la «haine débordante sur les réseaux sociaux», affirmant notamment : «Ce que le monde est en train de voir de Cuba est un mensonge.»
D'après l'agence de presse cubaine Prensa Latina, le chef d'Etat a dénoncé le rôle d'une «importante plateforme d'intoxication médiatique financée par Washington et la machine politique de Floride».
Il a dénoncé la diffusion de «fausses images» via internet, alors que l'accès à l'internet mobile a été coupé sur l'île du 11 au 14 juillet, avant d'être rétabli de façon instable.
«Aucun mensonge n'a été commis par hasard ou par erreur, tout cela est le calcul froid d'un manuel de guerre non-conventionnelle», a ajouté le président cubain, qui accuse les Etats-Unis d'avoir provoqué les manifestations du 11 juillet. Réagissant à ces rares rassemblements d'opposition - dont les revendications allaient de la dénonciation des diverses pénuries au changement de système politique - Miguel Diaz-Canel avait néanmoins reconnu «l'insatisfaction» liée à la crise économique.
Le président cubain s'est également exprimé sur la situation via Twitter : «Arrêtez les mensonges, l'infamie et la haine. Cuba est profondément allergique à la haine, et ne sera jamais une terre de haine ! Rien de bon ne peut être construit à partir de la haine.»
La veille, le président cubain avait déjà répondu aux commentaires de son homologue américain Joe Biden en désignant les États-Unis comme le véritable État défaillant. Dans un long message sur Twitter, il avait appelé Washington à lever l'embargo contre Cuba et avait accusé les autorités étasuniennes d'avoir «un passé honteux de guerres et de violences, de répression brutale et de meurtres de citoyens par la police, de racisme et de violations des droits de l'homme».
Des rassemblements pro-gouvernement dans plusieurs villes cubaines
Invité à la tribune, le député Gerardo Hernandez – qui est l'un des «cinq héros de Cuba», des espions cubains qui avaient été emprisonnés aux Etats-Unis – a lui aussi dénoncé les faits survenus ces derniers jours. «Ils nous ont attaqué de partout et, ce qui est pire, ils ont voulu nous diviser», a regretté celui qui est aussi coordinateur national des Comités de défense de la révolution (CDR). «Ils ont voulu détruire la tranquillité de nos quartiers, détruire notre paix», a-t-il ajouté, assurant pourtant que «personne n'est ennemi de la révolution pour le fait de penser différemment».
«Tous ceux qui ressentent quelque chose pour la révolution, qui ont ressenti quelque chose pour Fidel, pour tout ce qu'il a fait dans ce pays et ce qu'il faut continuer à faire, savent ce que signifie la présence de Raul [Castro] ici», a quant à lui réagi Carlos Cruz, un retraité de 65 ans présent dans la foule dont les propos ont été rapportés par l'AFP.
Selon le journal du parti communiste cubain Granma, des rassemblements similaires ont eu lieu dans d'autres villes du pays comme Santiago de Cuba, Bayamo, Camagüey et Santa Clara. «Cuba est à tous», a clamé le quotidien le 17 juillet, en avertissant toutefois que, dans les rues, «ni les délinquants, ni ceux militant pour l'annexion» de Cuba par les Etats-Unis ne sont admis.
Ces rassemblements en soutien au gouvernement interviennent après que des milliers de Cubains ont manifesté le 11 juillet contre celui-ci dans les rues aux cris de «A bas la dictature !» et de «Nous n'avons pas peur !», alors que l'épidémie de coronavirus prenait une certaine gravité sur l'île. Parmi les griefs des manifestants figuraient notamment les pénuries de nourriture, de médicaments ou encore de matériel vaccinal. Des rassemblements en soutien aux autorités avaient également eu lieu le même jour, notamment à La Havane.