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Les Etats-Unis autorisés à faire appel de la décision britannique de ne pas extrader Assange

Le journaliste emprisonné à Londres est-il de nouveau sous la menace d'une extradition aux Etats-Unis ? Selon Wikileaks, Washington aurait obtenu l'«autorisation limitée» de faire appel du refus d'extradition prononcé par la justice britannique.

Le site WikiLeaks, fondé par Julian Assange, a publié ce 7 juillet sur Twitter un message annonçant que la justice américaine avait obtenu l'«autorisation limitée» de faire appel de la précédente décision de la justice britannique qui refusait son extradition. Un responsable de la Haute Cour de justice cité par plusieurs médias américains, dont Bloomberg, a confirmé cette décision.

S'il pose le pied aux Etats-Unis, le lanceur d'alerte risque 175 ans de prison pour avoir diffusé, à partir de 2010, des centaines de milliers de documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, notamment en Irak et en Afghanistan, mettant en lumière des crimes de guerre. L'organisation n'a pas donné de détails dans l'immédiat sur ce que prévoit concrètement cette «autorisation limitée». Toutefois, un porte-parole de Julian Assange cité par Bloomberg explique que l'appel de Washington pourrait porter, entre autres, sur le risque de suicide auquel serait confronté Julian Assange en cas d'extradition. Ce point précis avait joué un rôle central dans la décision de la justice britannique. 

La compagne de l'activiste, l'avocate Stella Morris, voit pour sa part dans ce nouveau rebondissement une volonté de relancer une affaire au point mort. «Les nouvelles révélations concernant le témoin principal du DoJ [département de la Justice, équivalent américain du ministère de la Justice] confirment ce que nous savions tous : que le dossier contre Julian a été construit sur des mensonges», a-t-elle déclaré à ce propos. A l'issue de sa visite à Julian Assange, elle a réitéré un appel aux dons afin de couvrir les prochaines dépenses qu'engendreront un éventuel appel de la décision par les Etats-Unis. Selon elle, le journaliste doit lui-même financer sa défense alors que l'appel des Etats-Unis serait financé par les contribuables britanniques.

Emprisonné à la prison de Belmarsh à Londres, Julian Assange attend que la justice tranche définitivement sur la question de son extradition vers les Etats-Unis. Il a bénéficié de nouveau d'un large élan de soutien international le 3 juillet à l'occasion de son 50e anniversaire, passé derrière les barreaux. 

Il y a plus de neuf ans, ce militant pour la transparence entrait à l'ambassade d'Equateur à Londres alors qu'il était en liberté sous caution pour n'en sortir que sept ans plus tard, en 2019, lors de son arrestation par la police. Les Etats-Unis lui reprochent d'avoir mis en danger des sources des services américains, accusation qu'il conteste. Et pour cause, lors de la diffusion par plusieurs grands médias de centaines de milliers de câbles diplomatiques américains en 2010, WikiLeaks avait émis des recommandations précises et mis en place une procédure rigoureuse d'anonymisation.

En janvier, une juge britannique avait estimé que Julian Assange ne pouvait pas être extradé aux Etats-Unis en raison d'un risque de suicide en prison. «Face à des conditions d'isolement quasi total... je suis convaincue que les procédures [esquissées par les autorités américaines] n'empêcheront pas M. Assange de trouver un moyen de se suicider», avait-elle fait valoir entre autres.

Néanmoins, comme cela avait été souligné par les partisans du journaliste, la juge britannique avait approuvé la plupart des théories et des accusations portées par le gouvernement américain contre Julian Assange.