Le 30 juin, Donald Trump a accusé son successeur Joe Biden de permettre à des «millions» de migrants sans-papiers d'entrer aux Etats-Unis, lors d'une visite organisée, aux allures de meeting, pour «admirer» son célèbre mur à la frontière avec le Mexique. Une frontière «très dangereuse», «un pays malade» : laissant planer l'éventualité d'une nouvelle candidature présidentielle en 2024, le républicain n'a rien perdu de sa rhétorique.
C'est à Pharr, au Texas, devant un tronçon inachevé d'une haute barrière métallique située près d'un poste-frontière, que l'ex-président a conclu sa première grande visite sur le terrain depuis qu'il a quitté la Maison Blanche en janvier. «Des millions de gens arrivent à entrer», a affirmé Donald Trump, en critiquant son successeur : «Tout ce que Biden avait à faire, c'était d'aller à la plage. S'il n'avait simplement rien fait, on aurait aujourd'hui la frontière la plus solide qu'on n'ait jamais eue.»
Des Républicains mobilisés contre une «frontière très dangereuse»
Aux côtés du gouverneur du Texas Greg Abbott, accompagné d'élus et de shérifs texans portant leurs chapeaux de cowboys, il était venu «admirer» le mur frontalier érigé dans cette vallée du Rio Grande sous sa présidence. Le président démocrate Joe Biden «doit finir de construire le mur», a exhorté le gouverneur républicain, en désignant le tronçon qui s'arrêtait brusquement derrière lui.
Dénonçant la hausse du trafic de drogue et des arrivées de clandestins, Greg Abbott a décrété à la mi-juin que le Texas poursuivrait la construction du mur frontalier et déployé des militaires de la Garde nationale de son Etat à la frontière. A plus de 2 000 kilomètres au nord, la gouvernante républicaine du Dakota du Sud, Kristi Noem, vient d'annoncer qu'elle enverrait également des militaires.
Nous avons désormais une frontière ouverte, très dangereuse, plus dangereuse que jamais auparavant dans l'histoire de notre pays
«Nous avons désormais une frontière ouverte, très dangereuse, plus dangereuse que jamais auparavant dans l'histoire de notre pays», avait déclaré plus tôt Donald Trump lors d'une réunion dans la petite ville de Weslaco, à une trentaine de kilomètres de ce tronçon de barrière.
Un «appel d'air désastreux» créé par Joe Biden ?
«Construisez le mur !» : ce cri avait rythmé les meetings de campagne de Donald Trump avant son élection en 2016. Un sujet qui avait aidé le candidat républicain à remporter le scrutin, comme il l'a lui même reconnu le 30 juin.
Pendant ses quatre ans à la présidence, environ 800 kilomètres du «mur» ont été selon lui terminés, la plupart de ces portions étant des améliorations de clôtures déjà existantes.
Pour les républicains, c'est une évidence : le programme du milliardaire fonctionnait mais l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche sur la promesse d'une politique migratoire «plus humaine» a créé un appel d'air «désastreux».
Le printemps été marqué par des records d'arrestations à la frontière sud des Etats-Unis, longue de 3 200 kilomètres. En mai, quelque 180 000 personnes avaient été interpellées après l'avoir traversée clandestinement – un record depuis 15 ans.
Les démocrates dénoncent quant à eux des gesticulations politiques et invoquent de nombreux facteurs qui ont pu jouer en faveur de cette hausse, tout en rappelant la politique controversée de Donald Trump. «Pendant quatre ans, les républicains se sont tus pendant que Trump sabotait notre système d'immigration», a dénoncé le 30 juin un porte-parole du parti démocrate, Ammar Moussa, en qualifiant la visite de l'ex-président de «spectacle de clown».
Un ex-président toujours très influent au sein du parti républicain
Banni des réseaux sociaux depuis que certains de ses partisans se sont introduits dans le Capitole de Washington le 6 janvier, Donald Trump n'en reste pas moins très influent dans son parti.
L'homme d'affaires de 75 ans semble décidé à continuer à peser sur la politique américaine avant les élections parlementaires et locales de mi-mandat de novembre 2022.
Après des mois de quasi silence, le calendrier de Donald Trump s'accélère. Le 3 juillet, il tiendra un nouveau grand meeting à Sarasota, en Floride. Une semaine auparavant, le 26 juin, le tribun avait retrouvé cette ambiance survoltée dans l'Ohio : devant des milliers de partisans, il avait répété considérer que l'élection présidentielle lui avait été «volée» et évoqué, indirectement, une nouvelle candidature présidentielle en 2024.
Au Texas, Donald Trump a réitéré en ces termes ses accusations : «Biden détruit notre pays et tout a commencé avec une fausse élection.»