La parenthèse a été ouverte par Vladimir Poutine lors d'un échange devant la presse avec Alexandre Loukachenko à Sotchi, en amont d'une discussion à huis clos ce 28 mai.
Alors que le président biélorusse déplorait les mesures prises par l'Union européenne après le déroutage d'un avion par la Biélorussie, son homologue russe a profité de l'occasion pour rappeler un incident datant de 2013, impliquant également une contrainte soudaine imposée à un vol, mais cette fois par les Occidentaux.
«A l'époque ils avaient détourné l'avion du président bolivien», a relevé Vladimir Poutine avec un sourire goguenard, au cours de l'échange avec le chef d'Etat biélorusse, qui s'est exclamé : «C'est vrai !»
La référence est la suivante : de retour d'un déplacement en Russie en juillet 2013, l'avion du président bolivien Evo Morales s'était vu refuser le survol de l'espace aérien de ces quatre pays (la France, l'Espagne, l'Italie et le Portugal), qui le soupçonnaient de transporter l'ex-consultant du renseignement américain et lanceur d'alerte Edward Snowden, recherché par les Etats-Unis pour espionnage.
L'avion du chef d'Etat avait dû effectuer une escale improvisée de 13 heures en Autriche, avant de finalement pouvoir reprendre son voyage, après avoir démenti la présence d'Edward Snowden à bord de son avion... Cette escale contrainte a été qualifiée par le président bolivien «d'agression» envers l'Amérique latine.
Dans le cas récent, dont discutaient les deux chefs d'Etat ce 28 mai, ce sont les autorités biélorusses qui sont intervenues pour faire atterrir un avion de ligne, provoquant l'indignation de l'Union européenne. Le 23 mai, Minsk a envoyé un chasseur dans le ciel afin de «recommander» à un vol Athènes-Vilnius de la compagnie Ryanair d'atterrir à Minsk, faisant valoir une alerte à la bombe attribuée au Hamas. Le mouvement islamiste palestinien, de son côté, a démenti avoir le moindre rapport avec la menace avancée par les autorités biélorusses.
A bord de l'avion qui a été dérouté se trouvait le journaliste et opposant biélorusse Roman Protassevitch et sa compagne Sofia Sapega (de nationalité russe), qui ont été interpellés à Minsk.
L'UE accuse la Biélorussie d'avoir prétexté cette alerte à la bombe pour réaliser cette arrestation. La Russie estime pour sa part que Minsk, qui déclare avoir agi de bonne foi, s'est efforcé de faire preuve de transparence et que les sanctions européennes qui ont suivi sont prématurées tant qu'aucune enquête n'est arrivé à sa conclusion.