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Venezuela : un dialogue serait-il sur le point de s'ouvrir entre Guaido et Maduro ?

L'opposant Juan Guaido, soutenu par Washington et qui avait exclu tout dialogue avec le gouvernement, a lancé un appel à l'ouverture de discussions en échange de la levée des sanctions américaines. Maduro s'est dit prêt au dialogue.

Un début de dialogue commencerait-il à s'établir entre le gouvernement vénézuélien et l'opposant Juan Guaido ? Une vidéo diffusée sur le compte Twitter de ce dernier a attiré l'attention du président Nicolas Maduro le 11 mai qui lui a répondu le jour même et le lendemain dans plusieurs allocutions.

L'ancien président de l'Assemblée nationale, qui s'était proclamé en janvier 2019 président du pays et a été reconnu comme tel par les Etats-Unis et une soixantaine de pays, avait jusqu'ici refusé tout dialogue avec le gouvernement. Dans sa vidéo, il a, pour la première fois, proposé des discussions, en vue d'établir un calendrier pour des «élections libres». En échange, il promet la levée des sanctions économiques imposées par les Etats-Unis. «Le Venezuela a besoin d'un accord de salut national, un accord qui doit être conclu entre les forces démocratiques représentées par le gouvernement provisoire [lui-même], l'Assemblée nationale [dominée par des députés socialistes favorables au gouvernement] et la communauté internationale», a déclaré Juan Guaido au cours de cette initiative inédite.

«Quand ils veulent, où ils veulent et comme ils veulent»

Malgré l'hostilité manifeste dont fait preuve l'opposant soutenu par Washington depuis plus de deux ans, le président Nicolas Maduro n'a pas été insensible à cette première ouverture de l'opposant et lui a répondu le soir même à la télévision. «Maintenant, Guaido veut s'asseoir avec moi [...] Je suis d'accord, avec l'aide de l'Union européenne, du gouvernement norvégien [médiateur dans ce dossier], avec le groupe de contact. Quand ils veulent, où ils veulent et comme ils veulent», a lancé Nicolas Maduro, dont le pays est étranglé par les sanctions économiques. «S'il veut se joindre aux discussions qui sont déjà en cours, se développant sur tous les sujets, il est le bienvenu pour les rejoindre, mais pas si il croit qu'il est le chef suprême d'un pays qui ne le reconnaît pas», a-t-il encore ajouté.

Les élections régionales et municipales au Venezuela se tiendront le 21 novembre, selon le Conseil national electoral (CNE) ce 13 mai. Ces élections seront les premières depuis les législatives de 2020 et la présidentielle de 2018 qui avait vu la réélection du président Nicolas Maduro. Ces deux scrutins avaient été boycottés par une partie de l'opposition. 

L'annonce de la date de l'élection intervient une semaine après la mise en place du nouveau CNE par l'Assemblée nationale, où le pouvoir dispose de 256 sièges sur 277. Juan Guaido a dit ne pas reconnaître ce conseil, dont trois des cinq membres sont favorables au pouvoir. Le CNE doit pourtant organiser tous les scrutins pour les sept prochaines années, et notamment ces régionales couplées à des municipales.

Le Venezuela, qui traverse une grave crise, doit faire face aux sanctions économiques imposées notamment par les Etats-Unis (d'abord de Trump puis de Biden) qui cherchent à évincer Nicolas Maduro du pouvoir. 

Malgré la fermeture totale de tout dialogue de Juan Guaido, le gouvernement négocie régulièrement avec d'autres secteurs de l'opposition et notamment avec Henrique Capriles, deux fois candidat à la présidentielle, isolant de plus en plus Juan Guaido qui est devenu très minoritaire au sein de l'opposition car jugé trop radical et critiqué pour son soutien aux sanctions américaines qualifiées de «criminelles» par de nombreux acteurs politiques au Venezuela et à l'international. Des sanctions que Guaido avait appelé à amplifier en décembre.

«Le CNE est né d'un grand dialogue avec tous les secteurs de l'opposition, tous les secteurs sauf un ! Le secteur extrémiste, putschiste, qui a facilité les coups, les sanctions, les attaques», a rappelé le président Maduro le 12 mai. De plus en plus isolé et sans plus aucune légitimité électorale, Juan Guaido semble être arrivé à la conclusion qu'aucune avancée ne sera possible pour lui sans discussion avec le gouvernement.

Meriem Laribi