Dans un entretien à RIA Novosti le 27 avril, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a révélé qu'une proposition de tirer un trait sur les sanctions réciproques entre Russie et Etats-Unis avait été présentée à l'administration Biden peu après son investiture. Mais cette dernière a été refusée par Washington.
«Si cela ne dépendait que de nous, nous reviendrions à des relations normales, et dans un premier temps, nous ferions une chose évidente et simple : nous annulerions les mesures visant à restreindre le travail des diplomates russes aux Etats-Unis et les mesures que nous avons prises en réponse concernant les diplomates américains en Russie», a commenté le ministre au cours de cette interview.
Et le chef de la diplomatie russe de révéler : «Nous l'avons proposé à l'administration Biden immédiatement après son investiture, dès le début du travail de son administration. J'en ai parlé [au secrétaire d'Etat américain] Tony Blinken.» Mais cette proposition sera rejetée par Washington, comme le démontrent les sanctions antirusses qui se sont multipliées depuis l'arrivée au pouvoir de Joe Biden.
Précisant ne pas avoir voulu «imposer quoi que ce soit», Sergueï Lavrov a expliqué au haut fonctionnaire américain «qu'un pas évident à faire» en vue d'une normalisation des relations «serait d'annuler tout ce que Barack Obama a commencé».
Comme l'a rappelé le diplomate russe, l'ancien président américain avait, peu avant de quitter son poste, «fait saisir les biens russes – en violation absolue des conventions de Vienne –, et [...] procédé à l'expulsion de diplomates russes», donnant ensuite lieu à une «réaction en chaîne», d'après les mots de Sergueï Lavrov.
«En réalité, nous avons patienté longtemps», a encore rapporté le ministre des Affaires étrangères, précisant que l'administration Trump avait demandé à Moscou de ne pas répondre à la décision prise sous la présidence du dirigeant démocrate. «Cependant, les Américains ne se sont pas calmés pour autant», a regretté Sergueï Lavrov, soulignant que l'administration Trump n'était pas parvenue «à ramener la situation à la normale».
Vers les conditions d'une «guerre froide» ?
Expliquant redouter des conditions de «guerre froide ou encore pire» si Washington persiste à refuser le dialogue avec Moscou, le diplomate russe analyse : «Je crois que pendant la guerre froide, [au-delà des graves tensions] il y avait un respect mutuel qui, à mon avis, fait défaut.»
Evoquant la récente déclaration de la porte-parole de la Maison blanche Jen Psaki, qui affirmait vouloir une «relation prévisible et stable» avec la Russie tout en annonçant d'énièmes sanctions, Sergueï Lavrov a dénoncé l'aspect «schizophrénique» du discours de certains hauts fonctionnaires américains.
«Je ne peux même pas donner de commentaire à cela. J’espère que tout le monde comprend que de telles déclarations ne font pas honneur à ceux qui promeuvent et défendent une telle politique à la Maison Blanche», a-t-il conclu.