International

Pour Moscou, les accusations de Prague sont une diversion au plan de coup d'Etat en Biélorussie

La Russie estime que l'annonce de l'expulsion de 18 diplomates de République tchèque avait pour but de «détourner l'attention» de la révélation d'un plan de coup d'Etat en Biélorussie. Une stratégie derrière laquelle elle voit la main de Washington.

Dans une interview accordée à la chaîne Rossiya-1 le 18 avril, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova a exposé l'analyse de la diplomatie russe concernant l'expulsion de 18 employés de l'ambassade de Russie à Prague, annoncée le même jour par les autorités tchèques.

Pour Moscou, cette décision – prise sur «des prétextes inventés» – vise avant tout à balayer de l'espace médiatique la révélation d'une tentative de coup d'Etat en Biélorussie. «Il y a un sentiment absolu – et il est étayé par des éléments d’information concrets – que, dans l’espace médiatique, notamment occidental, nos partenaires occidentaux devaient faire en sorte que l’importance et la pertinence des informations publiées à la fois par la Fédération de Russie et par la République de Biélorussie en ce qui concerne le plan de coup d’Etat [en Biélorussie] soient escamotées», a ainsi expliqué Maria Zakharova.

«Il faut à tout prix détourner l'attention des informations factuelles. [...] Tout ce qui a été publié à la fois par les autorités russes et biélorusses, les déclarations d'[Alexandre Lukachenko] – était basé sur des faits. Il fallait le bloquer», a-t-elle encore insisté.

L'annonce de Prague concernant l'expulsion des diplomates russes est en effet intervenue une heure seulement après la divulgation du plan de coup d’Etat en Biélorussie. Le président biélorusse venait de révéler l'arrestation à Moscou par le Service fédéral de sécurité (FSB) de Russie du politologue Alexandre Fedouta et de l'avocat Iouri Zenkovitch, qui a également la nationalité américaine.

Dans un communiqué publié dans la foulée, le FSB expliquait que Iouri Zenkovitch – après des consultations aux Etats-Unis et en Pologne – avait tenu une réunion à Moscou en compagnie d'Alexandre Fedouta, lors de laquelle ils avaient évoqué leur plan pour renverser le pouvoir «avec des généraux des Forces armées de la République de Biélorussie favorables l'opposition». Un plan qui pour réussir, passait par «l'élimination physique de pratiquement tous les hauts dirigeants de la république» avaient-ils fait savoir aux généraux conspirateurs.

Le président biélorusse avait en outre relevé que les autorités de son pays avaient découvert «le travail de services de renseignement étrangers» dans l'affaire, laissant entendre d'une possible implication de Washington.

«Les Etats-Unis sont derrière cela»

La proximité temporelle des deux événements ne doit donc rien au hasard selon la diplomatie russe. «Sans aucun doute, les Etats-Unis sont derrière cela, le pays qui dirige tout au sein de l’OTAN, le pays qui donne le ton de [l’opinion] générale occidentale, surtout, malheureusement, pour les pays de l’Union européenne, et pour l’Union européenne dans son ensemble en tant qu’organisation, qui est déjà pleinement contrôlée et remplacée par l’Alliance atlantique», a lancé Maria Zakharova, déplorant l'impact que l'influence de Washington avait sur l'indépendance des pays européens, et la possibilité pour eux de suivre une ligne politique «souveraine visant à servir les intérêts nationaux».

L’Union européenne dans son ensemble en tant qu’organisation, est déjà pleinement contrôlée et remplacée par l’Alliance atlantique

La diplomate a par ailleurs souligné l'absence totale de regard critique des médias sur la question, qui répètent la version occidentale sans se préoccuper de l'absence de preuves : «Cette nouvelle caricature, présentée au monde par des responsables tchèques, a satisfait tous les représentants du courant mainstream non seulement en tant que version, mais comme ensemble de preuves pour appuyer des accusations de toutes sortes.»

«Il s'avère que dans le monde d'aujourd'hui dans lequel nous vivons, l’évidence ne prouve rien. En revanche, quelque chose d’inventé, de monté rapidement pour être diffusé, peut mettre en marche le mécanisme de destruction, en particulier, des relations bilatérales russo-tchèques», a-t-elle conclu.