Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a annoncé le 18 avril l'arrestation à Moscou par le Service fédéral de sécurité (FSB) de Russie du politologue Alexandre Fedouta et de l'avocat Iouri Zenkovitch, qui a également la nationalité américaine. Il les accuse d'avoir fomenté une tentative de coup d'Etat et d'assassinat le visant lui et sa famille, avec l'aide présumée des Etats-Unis.
«Nous avons détenu le groupe, ils nous ont montré comment ils avaient tout planifié, je suis resté silencieux. Ensuite, nous avons découvert le travail de services de renseignement clairement étrangers, très probablement la CIA, le FBI», a ainsi fait savoir le 18 avril Alexandre Loukachenko dans une vidéo diffusée par la présidence.
Les services de sécurité biélorusses avaient déclaré le 16 avril avoir démantelé, lors d'une opération spéciale, un «groupe organisé d'orientation terroriste» qui planifiait l'«élimination physique du président et de sa famille» et «l'organisation d'une rébellion armée afin de prendre le pouvoir par des moyens violents».
Une information confirmée par le FSB, selon qui Alexandre Fedouta et Iouri Zenkovitch préparaient «une insurrection armée» suivant le schéma des «révolutions de couleur», avec la participation de nationalistes biélorusses et ukrainiens. Dans un communiqué, le FSB explique que ces deux citoyens biélorusses ont tenu une réunion à Moscou, lors de laquelle ils ont évoqué leurs plans pour renverser le pouvoir «avec des généraux des Forces armées de la République de Biélorussie favorables l'opposition».
Le projet visait à «éliminer physiquement pratiquement tous les hauts dirigeants» biélorusses, selon le FSB
«A l'arrivée de Zenkovitch à Moscou, après des consultations aux Etats-Unis et en Pologne, la réunion prévue a eu lieu dans une salle privée d’un restaurant de la capitale. Au cours de la réunion, les conspirateurs ont déclaré aux "généraux biélorusses" que pour réussir leur plan, il était nécessaire d'éliminer physiquement pratiquement tous les hauts dirigeants de la république», précise le FSB dans son communiqué.
La Biélorussie a connu un important mouvement de contestation après la réélection du président Alexandre Loukachenko avec environ 80% des voix (contre quelque 10% pour sa principale rivale, Svetlana Tikhanovskaïa). La police a réagi en procédant à des milliers d'arrestations de manifestants dès les soirs qui ont suivi le scrutin. Des personnes libérées avaient témoigné, notamment à l'AFP, de privations et de violences durant leur détention.
Alexandre Loukachenko avait quant à lui rapidement dénoncé les mobilisations antigouvernementales en évoquant, notamment, «des appels à téléguider» les protestataires depuis l'étranger. Le 11 février, Alexandre Loukachenko a déclaré que son pays avait «subi une attaque des plus cruelles de l'extérieur» mais que cette «blitzkrieg» avait échoué. Selon le chef de l'Etat, un projet de nouvelle constitution sera soumis à un référendum en 2022.