«La France coloniale a œuvré pour répandre l'analphabétisme en Algérie» : Abdelmadjid Chikhi, directeur des Archives nationales et conseiller pour les questions mémorielles du président algérien Abdelmadjid Tebboune a accusé la France d'être responsable de la hausse du taux d'analphabétisme dans le pays lors de l'époque coloniale.
Citant sans les nommer «les historiens», Abdelmadjid Chikhi a affirmé qu'au début de la colonisation française, en 1830, «le taux d'analphabétisme [en Algérie], n'approchait pas les 20% de la population», comme le rapporte plusieurs médias le 18 avril.
«Et tous les Algériens lisaient et écrivaient. Pendant les trente premières années de colonisation, la France avait éliminé les personnes qui lisaient et qui écrivaient. Il s'en est suivi l'ère du pillage», a ainsi accusé le conseiller qui s'exprimait lors d'une «Journée du savoir», organisée au centre des archives à Alger.
Des déclarations prononcées dans un contexte particulièrement tendu entre Paris et Alger, comme en témoigne la récente annulation d'une visite du Premier ministre français Jean Castex à la demande de l'Algérie.
Pourtant à l'approche du 60e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie (1962), le président français Emmanuel Macron a engagé ces derniers mois une série d'«actes symboliques» afin de tenter de «réconcilier les mémoires». En ce sens, l'historien Benjamin Stora a rendu fin janvier un rapport sur le travail mémoriel lié à la colonisation de l'Algérie ; mais celui-ci a été fraîchement accueilli par Alger.
Macron pas «dans la repentance», mais en même temps...
Tant et si bien que le chef d'Etat français a été contraint de constater dans un entretien au Figaro le 18 avril qu'il existait «quelques résistances» à la réconciliation en Algérie, bien qu'il en estime la volonté «très largement partagée», notamment par le président algérien. Emmanuel Macron a ainsi qualifié d'«inacceptable» la déclaration du ministre algérien du Travail, Hachemi Djaaboub, qui a affirmé que la France était «l'ennemi traditionnel et éternel» des Algériens.
«Je ne suis ni dans la repentance ni dans le déni. Je crois dans une politique de la reconnaissance qui rend notre nation plus forte», a encore assuré le dirigeant français.
En 2016, alors qu'il n'était encore que candidat à la présidentielle, Emmanuel Macron avait estimé qu’il y avait eu à la fois «des éléments de civilisation et des éléments de barbarie» dans la colonisation de l'Algérie. En visite à Alger quelques mois plus tard, il avait par ailleurs affirmé que la colonisation était «un crime contre l'humanité», provoquant un tollé, notamment à droite. «La France a importé la Déclaration des Droits de l’Homme en Algérie, mais elle a oublié de la lire», s'était-il justifié sur Twitter, demandant par ailleurs à ce que Paris et Alger «cessent de se renvoyer leur passé à la figure».