Dans une interview diffusée le 17 mars sur ABC News, le président américain Joe Biden a estimé que l'instauration de sanctions contre le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane pour le meurtre de Jamal Khashoggi aurait créé un précédent diplomatique. Lors de cette même entrevue, le président américain a par ailleurs estimé que son homologue russe Vladimir Poutine était «un tueur» et qu'il «paierait les conséquences» des ingérences électorales supposées de Moscou dans l'élection présidentielle de 2020.
En février, l'administration Biden a publié un rapport déclassifié du renseignement américain qui concluait que Mohammed ben Salmane avait autorisé les services secrets saoudiens à assassiner et démembrer Jamal Khashoggi à l'intérieur du consulat saoudien d'Istanbul en octobre 2018.
Nous avons demandé des comptes à tous les membres de cette organisation, mais pas au prince héritier
Washington a mis en œuvre des restrictions de visa et des sanctions visant les agents de l'unité d'élite saoudienne impliquée, mais rien n'a été fait à l'encontre du prince héritier «MBS», qui est également vice-Premier ministre et ministre de la Défense du royaume.
Deux poids, deux mesures ?
Joe Biden a affirmé que son administration a «demandé des comptes à tous les membres de cette organisation, mais pas au prince héritier», car les Etats-Unis n'auraient jamais, «à [sa] connaissance», «puni et ostracisé» le chef d'Etat d'un pays allié. Cependant, comme le rappelle The Guardian, les Etats-Unis n'ont signé aucun traité les liant à l'Arabie saoudite, le royaume ne fait pas partie des pays arabes désignés comme allié majeur non membre de l'OTAN, et le chef d'Etat en exercice de l'Arabie saoudite demeure le père de Mohammed ben Salmane, le roi Salmane.
Le chef d'Etat américain a également expliqué qu'il avait fait comprendre à ce dernier «que les choses allaient changer» et indiqué qu'il avait approuvé la publication du rapport des services de renseignement américains. Le président démocrate a par ailleurs affirmé qu’il «a dressé une liste d’exigences qui seront adressées aux Saoudiens», notamment celle «de mettre fin à la guerre et à la famine au Yémen».
Dans cette interview menée par George Stephanopoulos, le président américain s'est en revanche montré beaucoup plus ferme à l'égard de Vladimir Poutine, en déclarant penser que le président russe était «un tueur» qui n'aurait «pas d'âme», et que le monde pourra bientôt constater «le prix qu'il va payer», sans donner plus de précisions sur le sens de cette phrase. Au sujet des supposées ingérences électorales de la Russie, qui selon un tout nouveau rapport des autorités américaines se seraient produites en 2020 – ce que nie Moscou, pointant l'absence de preuves –, le président américain a également affirmé que Vladimir Poutine «en paierait les conséquences».