10 ans après le début des troubles qui allaient plonger la Syrie dans une guerre sanglante, le ministère russe des Affaires étrangères est revenu, dans un communiqué publié à cette occasion, sur les raisons de ce conflit et sur les perspectives de sortie de crise.
Pour la Russie, entrée dans le conflit en 2015 sur demande du gouvernement de Bachar el-Assad confronté à l'insurrection de groupes islamistes, la Syrie a été victime d'une «agression inédite par le terrorisme international», alimentée par une «ingérence extérieure».
Si l'intervention armée russe a permis de faire basculer durablement le rapport de force, les appels occidentaux à renverser le président syrien se sont multipliés dès les prémisses et ce jusqu'au plus fort du conflit. Evoquant le prétendu usage d'armes chimiques dont les chancelleries occidentales se sont empressées d'accuser Damas, le ministère russe analyse : «Ce sont les accusations mensongères de crimes de guerre à l’encontre du gouvernement syrien que les Américains et leurs alliés ont maintes fois utilisées pour justifier des frappes sur le territoire syrien en violation du droit international et sans l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU.»
«Souveraineté» et «indépendance» : clés de la sortie du conflit ?
10 ans plus tard, donc, le président Bachar el-Assad, dont la chute était, en 2011, présentée par certains observateurs comme une «question de semaines ou de mois» (à l'image d'un Ben Ali ou d'un Moubarak), est toujours bel et bien en place. S'il a repris le contrôle d'une majeure partie du territoire national, dont certaines zones étaient tombées entre les mains de groupes djihadistes, des poches terroristes persistent, notamment à Idleb, où se sont repliés des combattants du Front al-Nosra et d'organisations alliées. Un autre défi auquel devra faire face le gouvernement syrien est la présence des forces kurdes installées dans le nord du pays.
Après des années de combat vient la nécessité du dialogue. «Nous sommes profondément persuadés qu’il n’a pas de solution militaire», souligne le ministère russe des Affaires étrangères, précisant tout faire pour promouvoir un «processus politique dirigé et mené par les Syriens eux-mêmes».
En parallèle au Comité constitutionnel inter-syrien de Genève, c'est notamment dans le cadre du processus d'Astana, qui se tient sous l'égide de la Russie, de l'Iran et de la Turquie, que se retrouvent à la table des négociations représentants du gouvernement syrien et délégations de l'opposition.
Si la Russie tente de réunir les conditions de la discussion, le ministère précise : «Nous sommes convaincus qu’il est nécessaire que les Syriens élaborent en toute indépendance une vision commune de l’avenir de leur patrie sans pression extérieure et sans fixer de délais artificiels pour parvenir au résultat final. L’impératif de notre politique dans le contexte syrien a toujours été et reste le respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de la République arabe syrienne.»
Les «forces anti-syriennes» : un obstacle à la paix, pour Moscou
Voyant le retour progressif des réfugiés syriens dans leurs foyers comme «un pas important vers le rétablissement de l’unité nationale», Moscou déplore toutefois : «Malheureusement, tout le monde n’est pas satisfait des tendances positives en Syrie.»
Et pour cause, après avoir «reconnu l’échec de leurs précédentes tentatives d’atteindre leur objectif de renverser le gouvernement légitime de ce pays par la force, par les mains de bandits et de terroristes», les «forces anti-syriennes» ont, selon le ministère russe, adopté une autre stratégie : l'«étranglement financier et économique».
Sanctions économiques et blocage de l'aide humanitaire constituent selon Moscou autant d'obstacles à un retour à la normale pour des Syriens qui seraient «punis de ne pas vouloir vivre selon les schémas qu’on leur impose de l’extérieur». Et cela en raison d'«intérêts géopolitiques égoïstes».