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L’UE se proclame «zone de liberté LGBTIQ», contre l'initiative de collectivités polonaises

Le Parlement européen a débattu et voté une résolution proclamant l'Union européenne «zone de liberté» pour les personnes LGBT, en réaction aux «zones sans idéologie LGBT» décidées par une centaine de collectivités locales polonaises depuis 2019.

Après un débat au Parlement sur cette question, une résolution a été adoptée le 11 mars par l'Union européenne pour décréter l'UE «zone de liberté» pour les personnes LGBTIQ (personnes homosexuelles, bisexuelles, trans, intersexes ou queer). Il y a eu 492 voix pour, 141 contre et 46 députés se sont abstenus.

Une centaine de zones «sans idéologie LGBT» en Pologne

Cette mesure vise à contrecarrer les initiatives d'une centaine de collectivités locales en Pologne (environ un tiers de son territoire) qui ont proclamé depuis 2019 des «zones sans idéologie LGBT». Ces décisions ont conduit la Commission européenne à priver de subventions certaines de ces municipalités.

La commissaire européenne à l'Egalité, Helena Dalli, a apporté son «soutien» à l'initiative débattue, soulignant que «dans plusieurs pays de l'UE, les personnes LGBTIQ sont confrontées à des attaques croissantes de la part de responsables politiques, religieux et autres figures publiques». «L'UE doit être une zone de liberté pour nous tous, sans exception», a-t-elle dit.

Sur les réseaux sociaux, plusieurs personnalités soutenant cette initiative ont partagé le hashtag #LGBTIQFreedomZone («Zone de liberté LGBTIQ»). Parmi celles-ci, le secrétaire d’Etat aux affaires européennes Clément Beaune, qui a par ailleurs récemment officialisé son homosexualité. Il s'était lui-même rendu début mars en Pologne où il avait tenté de se rendre dans l'une des 88 zones «sans idéologie LGBT». Les autorités polonaises n'avaient cependant pas accédé à sa requête, invoquant des raisons de sécurité.
Ce 11 mars, il s'est affiché sur Twitter avec un drapeau arc-en-ciel au côté de la ministre de l'Egalité entre les femmes et les hommes, Elisabeth Moreno : «A l’initiative de Pierre Karleskind [eurodéputé du parti Renew Europe] et de Renew Europe [parti européen centriste, pro-UE], une résolution sera votée aujourd’hui au Parlement européen déclarant l’Union européenne "zone de liberté pour les personnes LGBTIQ"». 

L'eurodéputé français Pierre Karleskind (Renew Europe), qui a donc initié la proposition, a fait savoir à l'AFP qu'il s'agissait d'envoyer un «message simple et fort».

Un autre soutien, l'eurodéputé Renew Sandro Gozi s'est exclamé sur les réseaux sociaux : «Les entraves à la libre circulation des personnes LGBTIQ ne sont pas acceptables. Tous unis pour défendre nos valeurs !»

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a également tweeté en déclarant : «Etre soi-même n'est pas une idéologie. C'est votre identité. Personne ne peut jamais l'enlever». Elle a agrémenté son tweet du drapeau de l'Union européenne et des couleurs LGBT en assurant : «L'UE est votre maison. L'UE est une zone de liberté LGBTIQ».

La résolution appelle la Commission à «avoir recours à tous les instruments» à sa disposition pour faire respecter les droits fondamentaux des personnes LGBT, citant les procédures d'infraction, les dispositions conditionnant le versement des fonds européens au respect de l'Etat de droit, ou encore la procédure de l'article 7. 

La Pologne comme la Hongrie sont visées par ce mécanisme déclenché pour risque de «violation grave» des valeurs de l'UE, qui peut déboucher à terme sur une privation des droits de vote d'un Etat membre mais qui s'avère inefficace car il requiert l'unanimité des autres pays.

L'eurodéputé polonais Ryszard Antoni Legutko, membre du parti PiS au pouvoir en Pologne, a fustigé «un débat absurde», fruit d'une «propagande idéologique». «C'est notre droit de défendre les familles», a-t-il lancé lors des débats parlementaires.