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Accusé de «banaliser la culture du viol», Pépé le Putois est coupé au montage d'un film d'animation

Pépé le Putois, le personnage à l'odeur nauséabonde et au fort accent français n'apparaîtra finalement pas dans Space Jam 2. En cause : sa méthode de drague insistante, qui promouvrait la «culture du viol». Un nouvel exemple de la cancel culture ?

Le mustélidé français Pépé le Putois (Pepe Le Pew, en anglais) n'apparaîtra pas dans la suite du film Space Jam ni dans les prochains dessins animés Looney Tunes, ont fait savoir le 10 mars des sources proches de ces productions. Une décision de Warner Bros qui intervient sur fond de débat sur le sexisme et la cancel culture (la «culture de la suppression») à Hollywood. 

L'animal malheureux du dessin animé – qui passe la plupart de son temps à poursuivre sans succès la chatte Pénélope, rebutée par ses avances et son odeur nauséabonde – a fait les gros titres après que Charles Blow, un chroniqueur du New York Times eut déclaré que Pepe «normalisait la culture du viol».

Quelques jours plus tard, il a été révélé qu'une séquence du dessin animé hybride Space Jam : A New Legacy mettant en scène Pépé et ayant été filmée en 2019, n'apparaîtra finalement pas dans le montage final.

Certains internautes ont immédiatement dénoncé une forme de censure au nom du politiquement correct dont serait victime ce personnage vieux de plusieurs décennies. «Ça veut dire qu'ils vont aussi essayer d'effacer cette boule de poils ?», s'est par exemple interrogé sur Twitter Gabriel Iglesias, la voix du personnage Speedy Gonzales dans la suite de Space Jam. «Cancel culture, tu ne peux pas m'attraper. Je suis la souris la plus rapide de tout le Mexique», a-t-il continué.

Charles M. Blow a réagi aux critiques entourant sa chronique en ces termes : «Les blogs conservateurs sont furieux j'ai dit que Pépé le Putois participait à la culture du viol. Il attrape et embrasse une fille qu'il ne connaît pas, de manière répétée, sans son consentement et contre sa volonté. Elle se débat fortement pour lui échapper mais il ne la relâche pas. Il verrouille la porte pour l'empêcher de fuir.» «[Ce genre de scènes] a participé à enseigner aux garçons que "non" ne voulait pas vraiment dire non, que cela faisait partie du "jeu". Cela leur apprenait qu'il était normal, adorable et amusant de surmonter les objections vigoureuses, voire physiques, d'une femme. Ils n'ont même pas donné à la femme la capacité de parler», a-t-il ensuite expliqué.

Pépé le Putois, dernière victime en date de la cancel culture 

La scène du prochain Space Jam en question devait mettre en scène un Pépé amoureux prenant sa revanche, mais a été annulée avec le changement de réalisateur. Il n'est pas non plus prévu que Pépé apparaisse dans les Looney Tunes Cartoons de Warner Bros ou dans les séries à venir Bugs Bunny Builders et Tweety Mysteries, bien que le personnage n'ait pas été n'ait pas été officiellement banni ou mis à la retraite.

Selon les sources, ces décisions ont été prises plusieurs mois avant la publication de l'article du New York Times, écrit en réaction à l'annonce de la mise à l'index de six albums du populaire auteur pour enfants Dr. Seuss en raison de leurs stéréotypes raciaux.

Brefs dessins animés humoristiques, les Looney Tunes, avec notamment Bugs Bunny et Speedy Gonzales, remontent aux années 1930, et étaient diffusés dans les cinémas en même temps que les films de Warner Bros. Ils ont depuis repris vie à de multiples reprises, notamment dans la comédie familiale Space Jam de 1996, qui les mettait en scène aux côtés de la légende du basket-ball Michael Jordan. La suite – dont la sortie américaine est prévue en juillet – verra l'actuelle superstar du basket LeBron James rejoindre les rangs de Bugs et de sa bande.

Récemment, des films classiques tels que Autant en emporte le vent, Peter Pan et Dumbo ont fait l'objet d'avertissements de contenu, ou ont été retirés ou reclassés sur les plateformes de streaming, pour des éléments jugés problématiques. Pépé le Putois, une nouvelle victime de la cancel culture, ce concept visant à écarter ou bannir une personne ou une entité en raison d'idées jugées problématiques ? Fortement médiatisée par un reportage au sein de l'université américaine d'Evergreen (Etat de Washington), la cancel culture a connu une année faste en 2020 avec des titres de livres rectifiés, des classiques de la littérature censurés, ou encore des statues déboulonnées.