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Jair Bolsonaro estime que les Brésiliens ne veulent plus de Lula comme président

Jair Bolsonaro a accueilli avec froideur l'annonce de l'annulation des condamnations de Lula, pointant notamment du doigt le lien du juge décisionnaire avec l'ancien président. Il espère que la Cour suprême reviendra sur la décision.

Alors qu'une partie de la gauche s'est réjouie de l'annulation des condamnations de l'ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, Jair Bolsonaro a quant à lui estimé le 8 mars que les Brésiliens ne voulaient pas de la candidature du socialiste à la présidentielle de 2022. 

S'adressant à des journalistes depuis Brasilia, le chef d'Etat populiste a par ailleurs espéré que la Cour suprême du pays annulerait cette dernière décision de justice, qui a rétabli de facto les droits politiques de Lula. 

Dès l'annonce de l'annulation des condamnations de l'ancien président, qui a purgé un an et demi de prison entre avril 2018 et novembre 2019 pour corruption, le bureau du Procureur général du Brésil (équivalent du ministre de la Justice), a annoncé faire appel de cette décision devant la Cour suprême. 

Sur CNN Brasil, Jair Bolsonaro a par ailleurs déclaré que le juge Edson Fachin – qui avait estimé que le tribunal de Curitiba (Sud) qui avait condamné Lula à l'issue de quatre procès n'était «pas compétent» pour juger ces affaires – avait «toujours eu un lien fort avec le PT [Parti des travailleurs, parti de l'ancien président Lula]». «Nous avons tous été surpris par [par cette décision], mais en fin de compte, le brigandage de ce gouvernement [de gauche] est bien clair pour toute la société», a-t-il ajouté. 

Décision saluée par les soutiens de Lula

La nouvelle a été saluée à l'international par les soutiens de l'ancien président. «"Justice a été rendue" !», s'est exclamé le président de gauche argentin Alberto Fernandez sur Twitter. Il a en passant dénoncé des procédures lancées contre Lula «dans le seul but de le persécuter et de l'éliminer» politiquement. 

L'ancien président socialiste de Bolivie Evo Morales a salué dans un tweet la décision rendue envers le «frère» Lula, victime selon lui d'une «persécution vicieuse» de la droite brésilienne. Ce message a été partagé par le compte officiel du président vénézuélien Nicolas Maduro. 

L'ancien président colombien Ernesto Samper (entre 1994 et 1998) a lui aussi salué la décision comme la fin d'un «chapitre honteux de politisation de la justice». L'artiste argentin et Prix Nobel de la paix Adolfo Pérez Esquivel a quant à lui estimé que Jair Bolsonaro n'était «pas un président légitime». 

De l'autre côté de l'Atlantique, le maire de Paris Anne Hidalgo, qui a fait Lula citoyen d'honneur de la ville en 2019, a qualifié la décision de «belle nouvelle». «Tellement heureuse ! Justice est faite», a-t-elle déclaré par ailleurs dans un message retwitté par Lula. «Et maintenant, cher Lula, les Brésiliens peuvent compter sur ta détermination pour faire gagner la gauche face à Bolsonaro. Après la défaite de Trump, ce serait une formidable nouvelle pour la planète», s'est de son côté réjoui, toujours sur Twitter, le premier secrétaire du PS Olivier Faure.

«Lula est libre. Le "juge" Moro et sa bande désavoués. La magistrature brésilienne refuse de faire le sale boulot politique», a déclaré pour sa part le chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, lui aussi retwitté par Lula. 

Mais l'ancien président brésilien n'en a pas pour autant terminé avec la justice. Outre l'appel de l'annulation de sa condamnation, il devra être jugé par un tribunal fédéral de Brasilia. 

Lula avait été accusé de recevoir des pots-de-vin pour favoriser des entreprises du bâtiment dans l'octroi de marchés publics, notamment liés à la compagnie pétrolière d'Etat Petrobras. L'impartialité des juges et des procureurs avait cependant été mise en doute par des échanges de messages dévoilés par le site The Intercept Brasil.

La première condamnation, de 10 ans et 8 mois de réclusion, portait sur un appartement triplex en bord de mer que Lula aurait reçu de la part d'une de ces sociétés de BTP. La deuxième portait sur des travaux de rénovation financés par deux groupes du bâtiment dans une propriété rurale à Atibaia, dans l'Etat de Sao Paulo (Sud-Est). Ces deux condamnations avaient été confirmées en appel. Il avait aussi été condamné en première instance dans deux affaires pour des irrégularités présumées sur des dons versés par des entreprises à l'Institut Lula.