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Colombie : que sait-on du commando censé lutter contre les groupes «soutenus» par le Venezuela ?

La Colombie lance un commando d'élite chargé de lutter contre des groupes de narcotrafiquants que le président Ivan Duque estime «soutenus» par le Venezuela. En 2019, il avait toutefois présenté à l'ONU des photos trompeuses en guise de preuve.

Le gouvernement colombien lance officiellement ce 26 février un commando d'élite chargé de lutter contre les trafiquants de drogue, les dissidents des groupes armés et les guérilleros qui, selon Bogota, opèrent depuis le Venezuela frontalier avec la protection de Caracas.

Cette force colombienne spécialisée dans la lutte contre le trafic de drogue et les menaces transnationales fait partie de l'armée et doit commencer ses opérations en mai. Son objectif affiché est de combattre les organisations criminelles et se livrant au trafic de drogue, telles que le clan du Golfe, les membres des anciennes FARC et les rebelles de l'Armée de libération nationale (ELN).

Lors de l'annonce de son lancement, le 7 février, le président colombien de droite Ivan Duque, qui n'a pas précisé le nombre de militaires qui composent cette force, a déclaré que les groupes armés visés «avaient trouvé refuge» au Venezuela, avec lequel son pays partage 2 219 kilomètres de frontière. «L'objectif pour cette année est de frapper les chefs du narcoterrorisme afin qu'ils soient capturés ou abattus», avait-il déclaré, affirmant que «beaucoup d'entre eux [étaient] protégés au Venezuela».

Les preuves ?

Toutefois, Bogota peine à produire des preuves à l'appui de ses accusations contre le Venezuela. En 2019, dans son discours à la 74e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, le président colombien Ivan Duque présentait un rapport avec une série de photos indiquant l'existence présumée de camps de guérilla sur les terres vénézuéliennes qu'il a remis au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Une des photos montrait, selon Ivan Duque, des guérilleros supposés appartenir à l'ELN procédant à l'«endoctrinement» d'élèves d'«écoles rurales» de l'Etat vénézuélien de Tachira, en avril 2018. Problème : ces photos se sont avérées être des images prises en 2013... en Colombie. Une vérification réalisée à l'époque par le quotidien El Colombiano de Medellin et confirmée par l'Agence France presse (AFP) pour au moins deux des photos présentées par le président colombien.

Face aux allégations récurrentes de la Colombie et des Etats-Unis, qui affirment que le pouvoir vénézuélien pilote des groupes illégaux de narcotrafiquants, Caracas s'insurge, rejetant en bloc ces accusations. De son côté, le gouvernement vénézuélien reproche régulièrement à Ivan Duque de financer et d'héberger dans son pays de camps paramilitaires dirigés par des opposants vénézuéliens et chargés d'élaborer des plans de conspiration contre le Venezuela et visant à assassiner Nicolas Maduro.

Maduro promet de «répondre avec force» à la création du commando

Le président vénézuélien a promis le 17 février de riposter à la création du commando colombien. Lors d'une conférence de presse à Caracas, Nicolas Maduro a déclaré avoir ordonné aux forces armées du pays «de répondre avec force aux déclarations imprudentes du président colombien Ivan Duque sur le Venezuela» et de «nettoyer les canons de nos fusils [...] si Ivan Duque ose violer la souveraineté du Venezuela». «Ne sois pas fou, Ivan Duque ! Connais tes limites et respecte le Venezuela», a prévenu Nicolas Maduro.

Malgré l'accord de paix de 2016, la Colombie continue de faire face à un conflit armé sanglant aux multiples facettes, impliquant des guérillas de gauche, des trafiquants de drogue et des paramilitaires de droite qui se disputent le contrôle des domaines lucratifs que sont la production de cocaïne et l'extraction illégale de minerais.

Le Venezuela a rompu les relations diplomatiques avec la Colombie en février 2019, après qu'Ivan Duque eut reconnu, à l'instar de Washington, l'opposant Juan Guaido comme président par intérim. Quelques mois plus tard, sur deux clichés montrés à la télévision par le procureur général vénézuélien, on pouvait reconnaître deux hommes, membres de «Los Rastrojos», une bande de «narcotrafiquants et paramilitaires» colombiens, en compagnie de... Juan Guaido.

Meriem Laribi