Les groupes parlementaires de l’Assemblée nationale algérienne (APN) et du Conseil de la nation (Sénat) ont écrit une lettre au président américain Joe Biden le 2 février pour lui demander d’annuler la décision de son prédécesseur concernant le Sahara occidental. Quelques jours avant la fin de son mandat, Donald Trump annonçait que les Etats-Unis reconnaissaient la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental dont l'Algérie soutient depuis toujours l'autodétermination.
«Le décret de Trump sur le Sahara occidental viole les principes des Etats-Unis sur cette question», estiment les parlementaires algériens dans leur lettre à Joe Biden. Le message mentionnait le droit des peuples à l’autodétermination, «qui est un principe établi dans l’histoire des Etats-Unis d’Amérique et une règle fondamentale du droit international».
Les représentants algériens rappellent en outre que le Sahara occidental est «classé par l’ONU comme un territoire non autonome depuis 1963» et que les Nations Unies prévoient un référendum sur son autodétermination.
«Manœuvres étrangères»
Après l'annonce surprise le 10 décembre de Donald Trump de reconnaître la souveraineté marocaine sur l'ancienne colonie espagnole toujours disputée, et l'adoption par les Etats-Unis le 13 décembre d'une «nouvelle carte officielle» du Maroc intégrant le Sahara occidental, l'Algérie avait immédiatement et vigoureusement dénoncé des «manœuvres étrangères» visant à sa déstabilisation tout en pointant du doigt Israël. Car l'annonce de Donald Trump concernant le Sahara occidentale venait en contrepartie d'une normalisation des relations de Rabat avec l'Etat hébreu.
«Il y a des manœuvres étrangères qui visent à déstabiliser l'Algérie. Il y a maintenant une volonté de l'entité sioniste de se rapprocher de nos frontières», avait accusé le Premier ministre algérien, Abdelaziz Djerad, dans la première réaction de son pays à la décision américaine, le 13 décembre. «Le conflit du Sahara occidental est une question de décolonisation qui ne peut être résolue qu'à travers l'application du droit international», a réaffirmé le même jour, dans un communiqué, le ministère algérien des Affaires étrangères, soulignant que la décision américaine était «sans effet juridique».
L’administration de Joe Biden ne s’est pas encore exprimée sur le conflit au Sahara occidental. Interrogé par la presse le 27 janvier sur la position américaine concernant cette reconnaissance de souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, le secrétaire d'Etat américain Anthony Blinken semblait dire qu'aucune décision n'avait été prise. Le diplomate a «applaudi» la vague de normalisation avec Israël, mais aussi prévenu qu'il avait déjà commencé à «regarder» les «engagements» pris par Washington pour arracher ces accords, afin d'en avoir «une compréhension exhaustive».
La question du statut du Sahara occidental oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes sahraouis, soutenus par l'Algérie. Le Polisario, front politique armé qui lutte pour l'indépendance de cette région, réclame un référendum d'autodétermination prévu par l'ONU, tandis que le Maroc, qui contrôle plus des deux tiers de ce vaste territoire désertique, propose un plan d'autonomie sous sa souveraineté. Les négociations menées par l'ONU et impliquant le Maroc et le Polisario avec l'Algérie et la Mauritanie en tant qu'observateurs sont suspendues depuis mars 2019. Moscou a également critiqué la prise de position américaine.