Le 14 janvier, l'organisation conservatrice américaine Project Veritas a révélé un enregistrement vidéo dans lequel le fondateur et PDG de Twitter Jack Dorsey affirme au sujet de la suspension définitive du compte de Donald Trump que cette tendance concernera «plus qu'un seul compte» et qu'elle devrait s'inscrire dans la durée. Ironie : l'extrait a notamment été diffusé sur Twitter, assorti du mot-clé «Expose Twitter».
Parole publique, parole privée
Un propos qui diffère largement de celui, bien plus nuancé, tenu publiquement le 13 janvier par Jack Dorsey, qui tentait de calmer le jeu au moment où la tendance en Bourse de son entreprise, depuis la suspension du compte Twitter de Donald Trump, est clairement à la chute.
Selon Project Veritas, l'enregistrement vidéo révélé aurait été réalisé le 8 janvier par un employé lors d'une vidéoconférence interne à l'entreprise californienne. On peut y entendre Jack Dorsey s'y exprimer sur le bannissement de Donald Trump en ces termes : «Nous sommes concentrés sur un seul compte en ce moment, mais ce sera plus important qu'un seul compte, et cela va durer bien plus longtemps que ce jour, que cette semaine et que les prochaines semaines, et ça durera au-delà de l'investiture [de Joe Biden]».
Jack Dorsey évoque également QAnon, un mouvement dont les partisans estiment que Donald Trump défend les Etats-Unis contre un vaste complot criminel, et dont les comptes de quelque 70 000 adeptes ont été purement et simplement supprimés. «Les mesures que nous prenons aujourd'hui concernant QAnon, par exemple, sont un exemple d'une approche plus large que nous devrions examiner et approfondir», a déclaré le PDG de 44 ans, en précisant que ce type de contenu ne «disparaîtra pas de sitôt».
Bourse : Twitter en chute libre
Moins d'une semaine plus tard, le PDG affirmait pourtant dans une série de tweets que la suspension du compte de Donald Trump, s'il ne la regrettait pas, représentait un «échec» et établissait «un dangereux précédent». Semblant se distancier d'une volonté affirmée de censure, Jack Dorsey poursuivait : «Oui, nous devons examiner avec un œil critique les incohérences de notre règlement. Oui, nous devons examiner la façon dont notre service peut inciter à nuire en détournant les débats. Oui, nous avons besoin de plus de transparence dans notre modération des contenus. Tout cela ne peut nuire à un internet libre, ouvert et mondial».
Cette déclaration policée intervenait alors que le cours en Bourse du réseau social à l'oiseau bleu est passé de 52,62 dollars le matin du 9 janvier (peu après la suppression du compte du président américain) à 45,48 dollars dans l'après-midi du 14 janvier.
Si Twitter a déjà pris des mesures de restrictions par le passé (comme la suppression de milliers de comptes liés à QAnon en juillet 2020, ou la limitation de certains tweets de Donald Trump liés à l'élection présidentielle et aux accusations de fraude), le réseau social a accéléré la marche avec l'émeute du Capitole. Le 6 janvier, jour de la certification de la défaite de Donald Trump, des manifestants s'étaient introduits dans le bâtiment du Congrès. Les incidents ont fait cinq morts. Le dirigeant américain, qui refuse de concéder sa défaite face au président élu Joe Biden, qui doit être investi le 20 janvier, est accusé par ses détracteurs d'avoir incité à l'insurrection, malgré ses appels aux calmes et sa condamnation des événements.
Le réseau à l'oiseau n'est pas le seul s'en prendre au président républicain : le 7 janvier, Mark Zuckerberg a annoncé que les comptes Facebook et Instagram du président américain Donald Trump étaient bloqués pour une durée indéterminée. Le 12 janvier, la chaîne YouTube de Donald Trump a également été suspendue pour incitation à la violence, tandis que d'autres plateformes telles que Snapchat ou Twitch ont également banni le président sortant.