La bataille pour la Maison Blanche se poursuit aux Etats-Unis. Menés par l'influent Ted Cruz, onze élus républicains du Sénat ont annoncé ce 2 janvier qu'ils s'opposeraient à la certification par le Congrès américain du résultat de l'élection présidentielle, qui doit avoir lieu le 6 janvier prochain.
Dans un communiqué commun, ces élus demandent la mise en place d'une commission électorale dont l'objectif serait d'enquêter dans un délai de 10 jours sur les multiples allégations de fraudes et d'irrégularités qui entachent le scrutin dans les Etats clés. «Nous avons l'intention de voter le 6 janvier pour rejeter les électeurs des Etats en litige comme n'étant pas "donnés régulièrement" et "légalement certifiés", à moins que et jusqu'à ce que cet audit de 10 jours soit achevé», affirment-ils ainsi.
Donald Trump et son équipe juridique multiplient depuis des semaines les accusations d'irrégularités et de fraude électorale dans les Etats clés. Des centaines de témoignages, des vidéos d'incidents présumés, ou encore des analyses statistiques ont été présentés au cours de plusieurs audiences publiques ces dernières semaines pour appuyer ces accusations. Mais à l'heure actuelle, le chef d'Etat n'a pas obtenu de succès probant devant la justice, la Cour suprême refusant de statuer sur ces allégations.
Que nos élus ou nos journalistes le croient ou pas, cette profonde méfiance à l'égard de nos processus démocratiques ne disparaîtra pas par magie
«Dans l'idéal, les tribunaux auraient entendu des témoignages et résolu ces allégations de fraude électorale. Deux fois, la Cour suprême a eu l'occasion de le faire ; deux fois, la Cour a refusé», déplorent ainsi les sénateurs républicains dans leur communiqué, notant par ailleurs que, selon les études d'opinion, de très nombreux Américains estiment que l'élection a été «truquée».
«Que nos élus ou nos journalistes le croient ou pas, cette profonde méfiance à l'égard de nos processus démocratiques ne disparaîtra pas par magie. Cela devrait nous concerner tous. Et cela constitue une menace permanente pour la légitimité de toute administration ultérieure», soutiennent-ils encore pour expliquer leur démarche.
Le Congrès en session extraordinaire le 6 janvier
Si au moins un sénateur et un élu de la Chambre des représentants contestent le résultat du vote du Collège électoral le 6 janvier, le Congrès devra alors se réunir en session extraordinaire, deux heures durant, pour discuter de la légitimité de cette objection. A la Chambre des représentants, plus d'une centaine d'élus républicains prévoient également de voter contre la certification, selon la chaîne américaine CNN.
Ce qui signifie que leur objection devrait bel et bien être soumise au vote des deux Chambres, qui se prononceront – séparément – pour la valider ou la rejeter. Si les deux Chambres la retiennent, on se dirigerait vers ce que l’on appelle une «élection contingente», où il reviendrait à la Chambre des représentants (avec un vote par Etat), d'élire le prochain président américain. Un scénario qui demeure toutefois improbable, la Chambre basse étant à majorité démocrate.
«Nous ne sommes pas naïfs. Nous nous attendons à ce que la majorité, si ce n'est tous les démocrates, et peut-être plus que quelques républicains, votent autrement», soulignent les sénateurs dans leur communiqué. «Mais la défense de l'intégrité de l'élection ne devrait pas être une question partisane. Un audit juste et crédible améliorerait considérablement la confiance des Américains dans notre processus électoral et renforcerait considérablement la légitimité de celui qui deviendra notre prochain président. Nous devons cela au peuple», écrivent-ils.
En tout état de cause, la journée du 6 janvier promet d'être particulièrement mouvementée sur le plan politique aux Etats-Unis : en plus de la contestation du vote devant le Congrès, une grande manifestation est prévue à Washington, Donald Trump ayant appelé ses partisans à un rassemblement dans la capitale pour «stopper le vol».
Frédéric Aigouy