International

«Il n’a pas encore appris ce qu’est la politique» : Erdogan s'en prend une nouvelle fois à Macron

Le président turc a accusé Emmanuel Macron de manquer de sens politique, l'associant aux résolutions du Parlement français en faveur d'une reconnaissance du Haut-Karabagh. Or, l'exécutif français s'était démarqué de ces résolutions.

Recep Tayyip Erdogan ne semble pas disposé à un réchauffement de ses relations avec Emmanuel Macron, avec qui il échange des remarques cinglantes depuis plusieurs mois.

Ce 10 décembre, rapporte l'agence publique turque Anadolu, le président turc a adressé une nouvelle pique à son homologue français alors qu'il se trouvait à Bakou, capitale azerbaïdjanaise où il avait entamé une visite officielle la veille. Recep Tayyip Erdogan s'est épanché sur les hostilités au Haut-Karabagh, qui ont pris fin avec la signature d'un accord entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie sous l'égide de la Russie. Le chef d'Etat a notamment déclaré qu’il n’avait pas répondu aux appels du président français pendant le conflit en raison du parti-pris pro-arménien de la France.

Selon Anadolu, Recep Tayyip Erdogan a également dénoncé une supposée volonté de la France de reconnaître «l’indépendance du Haut-Karabagh». «Même [le Premier ministre arménien] Pachinian ne la reconnaît pas ! Si Macron essaie de passer ça au Parlement, c’est qu’il n’a pas encore appris ce qu’est la politique», a déclaré le président turc. Pour autant, Emmanuel Macron ne s'est pas prononcé en faveur d'une indépendance du Haut-Karabagh, contrairement aux parlementaires français.   

En effet, après le Sénat, l'Assemblée nationale française a adopté massivement le 3 décembre une résolution favorable à une reconnaissance du Haut-Karabagh – une décision non-contraignante. Or, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian s'est déclaré le même jour opposé à une telle reconnaissance, afin de préserver le rôle de médiateur de la France, faisant notamment valoir que les Arméniens ne «le demandent pas eux-mêmes». Une telle décision reviendrait à exclure la France de la co-présidence du groupe de Minsk, réunissant Paris, Moscou et Washington, selon le chef de la diplomatie française

Ancienne région autonome intégrée à la république soviétique d'Azerbaïdjan, mais peuplée quasi-exclusivement d'Arméniens, le Haut-Karabagh a proclamé en 1991 son indépendance, qui n'est reconnue par aucun membre de l'ONU. Ce statut est en revanche reconnu de facto par Erevan. Un conflit avait éclaté le 27 septembre dernier dans cette région, entre les forces arméniennes et azéries. Après l'échec de plusieurs trêves, les affrontements ont pris fin avec la conclusion d'un accord entre les gouvernements azéris et arméniens, à Moscou, le 9 novembre.

Les déclarations de Recep Erdogan s'inscrivent quant à elles dans un contexte de tensions diplomatiques entre la France et la Turquie sur plusieurs dossiers : la Libye, la Méditerranée orientale mais aussi le rapport des autorités françaises avec l'islam et l'islamisme.