«Avec Macron, la France vit une période très dangereuse. J'espère que la France va se débarrasser du problème Macron le plus tôt possible» : après avoir participé ce 4 décembre à la prière du vendredi dans l'ex-cathédrale Sainte-Sophie – transformée en mosquée en juillet –, le président turc Recep Erdogan s'est de nouveau montré très critique contre son homologue français Emmanuel Macron.
Les relations entre la Turquie et la France se sont progressivement dégradées depuis un an, en raison notamment de désaccords sur la Syrie, la Libye, la Méditerranée orientale et plus récemment le conflit entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie au Haut-Karabagh.
Mais les tensions ont été exacerbées en octobre lorsque Recep Erdogan a mis en cause la «santé mentale» d'Emmanuel Macron, l'accusant de mener une «campagne de haine» contre l'islam pour avoir défendu le droit de caricaturer le prophète Mahomet et pour son discours contre le «séparatisme» islamiste en France.
Le chef d'Etat turc a par ailleurs affirmé ce 4 décembre que la France, qui copréside le groupe dit de Minsk chargé de favoriser un règlement au conflit entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, avait «perdu son rôle de médiateur» après que le Sénat et l'Assemblée nationale français ont adopté des résolutions favorables à une reconnaissance du Nagorny Karabakh.
Reprenant une tirade du président azerbaïdjanais Ilham Aliev, il a ajouté : «Mon cher ami Aliev a donné un conseil aux Français leur disant que s'ils aiment tant les Arméniens, ils n'ont qu'à leur donner Marseille. Moi aussi, je leur donne le même conseil».
Au cours d'un entretien pour le média Brut le 4 décembre, Emmanuel Macron a réagi sur les déclarations de Recep Erdogan en déclarant que si «nos sociétés [étaient] de plus en plus violentes, elles l'[étaient] aussi parce que les dirigeants ont donné un exemple de violence». «L'invective entre dirigeants politiques n'est pas la bonne méthode», a-t-il dit. Il a en outre affirmé qu'il n'y avait pas un pays comme la France qui avait «protégé la liberté d'expression dans la période récente», rappelant qu'après les dernières attaques terroristes, la France a été attaqué à l'internationale, notamment par la presse anglo-saxonne, parce qu'elle avait défendu la liberté d'expression. «Je distingue toujours sa présidence [à Erdogan] et gouvernement du peuple turc qui est un grand peuple de liberté, et tous ceux qui ont parfois à subir ses violences et les restrictions de liberté», a-t-il de fait ajouté.
Dans une apparente allusion aux actions du gouvernement turc et à leurs conséquences, Emmanuel Macron avait également affirmé en septembre que «le peuple turc, qui est un grand peuple, mérite autre chose». Ankara avait vivement réagi à ces propos, perçus comme une tentative de dresser le peuple turc contre le président Erdogan.