Le Comité de sécurité nationale du pays a annoncé, ce 10 octobre, que l'ancien président du Kirghizstan Almazbek Atambaïev, libéré de prison le 6 octobre par ses sympathisants, a de nouveau été arrêté.
Dans un communiqué, le Comité a fait savoir qu'Almazbek Atambaïev était soupçonné d'avoir organisé des troubles massifs à l'ordre public. Cette même source précise également que le Comité est en train «d'identifier et d'arrêter d'autres complices de ce crime».
L'arrestation de l'ancien président, au pouvoir de 2011 à 2017, avait d'abord été annoncée à l'AFP par sa porte-parole, Koundouz Joldoubaïeva. «Les forces spéciales ont pris d'assaut sa résidence. Ils ont arrêté l'ancien président», avait-t-elle rapporté.
Almazbek Atambaïev a été libéré de prison le 6 octobre par ses sympathisants alors qu'il purgeait une peine de onze ans pour avoir fait relâcher un chef mafieux de prison. De son côté, l'ancien président kirghiz a dénoncé un règlement de comptes politique.
Le 9 octobre, le président actuel Soroonbaï Jeenbekov, un ancien allié d'Almazbek Atambaïev qui s'est retourné contre lui, a ordonné l'état d'urgence dans la capitale du pays, Bichkek, après des affrontements entre des groupes d'opposition qui ont fait cinq blessés.
Contesté dans la rue depuis le 5 octobre, Soroonbaï Jeenbekov s'était dit prêt à démissionner mais seulement quand l'ordre public serait rétabli.
Vive contestation et crise politique dans le pays
La crise politique au Kirghizstan est née après des législatives marquées par des accusations de fraude, qui se sont déroulées le 4 octobre. Le lendemain, des affrontements entre policiers et manifestants ont fait un mort et plus d'un millier de blessés.
Dans la foulée, les manifestants avaient fait libérer de prison Almazbek Atambaïev ainsi que plusieurs autres hommes politiques, dont un ancien Premier ministre et un leader nationaliste.
Les élections ont depuis été annulées par les autorités mais cela n'a pas suffi à calmer la contestation. Cette crise fait craindre une flambée de violences au Kirghizstan, considéré comme un îlot de pluralisme dans une région où les gouvernements autoritaires sont la règle.
Cette ancienne république soviétique a déjà connu deux révolutions et vu trois de ses présidents emprisonnés ou exilés depuis son indépendance.