Alors que l’arrivée des réfugiés en Allemagne se poursuit, le chef du syndicat de police allemand, Rainer Wendt, a affirmé récemment que les autorités en charge de l’accueil des migrants dans les Länder omettaient délibérément de signaler une grande partie des agressions dont les femmes sont victimes dans les centres d’hébergement.
Ce choix serait issu de la volonté de calmer les choses, «ce qui est compréhensible» selon Rainer Wendt, mais «totalement contre-productif» car cela revient à «se voiler la face et ignorer la réalité».
Alors que l’opinion publique allemande s’inquiète d’une arrivée si massive de réfugiés sur son sol, les autorités semblent vouloir tout faire pour éviter d’attiser davantage ce sentiment de méfiance en «édulcorant» certains chiffres, afin de ne pas inciter les groupes d’extrême droite à des actions musclées.
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Car, comme tient à le souligner le ministre de l’Intérieur, Thomas De Maizière, des milliers de rumeurs circulent déjà sur Internet à propos de l’accueil des migrants et, même si «certains détails» sont discutables, il ne faut pas «se laisser aller aux amalgames» et à la «suspicion générale» envers les réfugiés.
Mais selon Rainer Wendt, la majorité des cas d’agression sexuelle ne figurent pas dans les rapports officiels car les victimes ne portent pas plainte par honte ou peur des représailles, «ce qui est caractéristique pour les cas de viols quelle que soit la communauté touchée».
Pour lui, les ministres de l’Intérieur des Länder «devraient se rendre sur le terrain» pour appréhender «la réalité de ce qui se passe la nuit dans les rues et les centres d’hébergement».
Dans cette optique, plusieurs associations caritatives ont adressé aux autorités une lettre ouverte dénonçant les crimes et les violences commises dans les gymnases sportifs et les immeubles de bureaux vides qui servent de centres d'hébergement.
Barbara Helfrich, membre d’une association caritative de défense du droit des femmes dans le Land de Hesse, a affirmé à Reuters être en possession, de même que «plusieurs ONG et groupes consultatifs», de rapports fiables sur les violences et agressions sexuelles, qui dans certains cas iraient même jusqu'à la prostitution forcée.
Alors que 70% des réfugiés sont des hommes, plusieurs ONG ont exigé que des centres réservés uniquement aux femmes soient ouverts ou, à défaut, qu'elles bénéficient de zones sécurisées.
Une porte-parole des Verts allemands en charge de la question des réfugiés a confié à Reuters que, même si ces rapports peuvent en effet «provoquer des sentiments anti-migrants», ce n'était pas une raison pour «se voiler la face en laissant les extrémistes faire la loi».