«Il y a de fortes chances que cela vienne de hauts responsables russes», a déclaré le 9 septembre le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, cité par l'AFP, en référence à la thèse de l'empoisonnement de l'opposant russe Alexeï Navalny, hospitalisé en Allemagne depuis le 22 août, date à laquelle son transfert depuis la Russie a été permis par les équipes médicales russes qui l'avaient initialement placé en soins intensifs.
Mike Pompeo a affirmé que Washington et ses alliés européens attendaient tous de la Russie qu'elle fasse «rendre des comptes aux responsables» et que les Américains eux-mêmes essaieraient d'identifier les coupables.
Cette intervention intervient cinq jours après celle du président américain qui avait pour sa part privilégié la retenue concernant la thèse de l'empoisonnement. «Nous n'avons pas encore vu de preuves» sur l'origine de cet empoisonnement présumé, avait en effet déclaré Donald Trump le 4 septembre, promettant que les Etats-Unis allaient examiner très sérieusement ce dossier.
A ce jour, deux versions s'opposent : celle des médecins russes qui ont initialement pris en charge Alexeï Navalny, selon lesquels «aucun poison ou trace de poison dans le sang ou dans l'urine n'a[vait] été trouvé». Et celle de Berlin qui soutient le contraire, affirmant que des tests toxicologiques réalisés par un laboratoire de l'armée allemande ont apporté des «preuves sans équivoque» de «la présence d’un agent chimique neurotoxique de type "Novitchok"» dans le corps de l'opposant russe. Par ailleurs, le Comité d'enquête de Russie a demandé le 4 septembre à l'une de ses branches régionales en Sibérie de se pencher sur la possibilité d'une tentative de meurtre.
Une «vaste campagne de désinformation en cours», selon Moscou
Dans ce contexte, la diplomatie russe en outre rendu public le 9 septembre un communiqué afin d'exprimer ses regrets quant au fait que «Berlin n'[ait] pas jugé possible de répondre rapidement et de manière constructive» aux demandes des autorités russes concernant les données de l'examen médical d'Alexeï Navalny.
Dans le même document, le ministère des Affaires étrangères a exprimé ses inquiétudes quant à ce qu'il a qualifié de «vaste campagne de désinformation en cours» qui aurait pour but d'imposer des sanctions à la Russie.
Lors d'une conférence de presse le 7 septembre, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait lui contesté certaines accusations portées contre la Russie : «Il faut quand même rester lucide en évaluant la situation. Je répète une fois de plus que, pour nous, toute tentative d’associer la Russie ou les autorités russes à cet incident sont inacceptables, elles sont intrinsèquement absurdes.»