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Méditerranée : en plein bras de fer avec la Turquie, la Grèce signe un accord maritime avec l'Egypte

Le Parlement grec a ratifié un accord bilatéral sur la délimitation des zones maritimes d'exploitation d'hydrocarbures en Méditerranée orientale entre la Grèce et l'Egypte, qui suscite la colère de la Turquie voisine.

Un accord entre l'Egypte et la Grèce, ratifié le 27 août au soir par le Parlement grec, suscite l'ire d'Ankara qui le considère comme une riposte à un accord turco-libyen signé fin 2019. Celui-ci autorise la Turquie à accéder à un vaste espace maritime en Méditerranée orientale, où d'importants gisements d'hydrocarbures ont été découverts ces dernières années.

La ratification de l'accord entre la Grèce et l'Egypte intervient en pleine crise dans les relations gréco-turques, les deux pays voisins, tous deux membres de l'OTAN, se disputant des zones maritimes riches en hydrocarbures en Méditerranée orientale.

En vertu de ce traité, l'Egypte et la Grèce sont désormais autorisées à tirer chacune le maximum d'avantages des ressources disponibles dans la zone économique exclusive (ZEE), notamment des réserves de pétrole et de gaz, en Méditerranée orientale. Au total, 178 députés sur les 300 que compte le Parlement grec ont voté en faveur de l'accord gréco-égyptien.

Depuis le 10 août, Ankara a déployé son bateau sismique Oruç Reis et une escorte de navires de guerre turcs pour procéder à des explorations au large de l'île grecque de Kastellorizo, à deux kilomètres des côtes turques. Le 27 août, Ankara a annoncé la prolongation de ses prospections d'hydrocarbures.

Tensions toujours vives entre Athènes et Ankara

Un accord similaire entre Athènes et Rome avait été ratifié le 26 août au soir par le Parlement grec. Il délimite les zones de pêche de la Grèce et de l'Italie et confirme le droit des îles grecques en mer Ionienne (ouest) d'avoir des zones maritimes d'exploitation. Ces deux accords «resteront dans l'histoire du pays», s'est félicité le 26 août au soir le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis.

Le porte-parole du gouvernement Stelios Petsas a souligné le 27 août que «leur ratification était urgente» au vu des «activités illégales de la Turquie». Le chef du gouvernement a annoncé au cours du débat parlementaire la rédaction prochaine d'un projet de loi sur «l'extension de la zone littorale en mer Ionienne de six à douze milles marins en vertu de la Convention internationale sur le droit de la mer». 

Signée en 1982, cette convention est souvent utilisée par Athènes en tant que levier de pression sur la Turquie, située à sa frontière orientale. Les tensions sont montées d'un cran le 26 août entre la Turquie et la Grèce, qui effectuent des manœuvres militaires rivales, la première avec les Etats-Unis, la seconde avec la France, Chypre et l'Italie, devant durer jusqu'au 28 août.