Berlin : une manifestation «antimasques» interdite, tollé à droite
- Avec AFP
La ville de Berlin a décidé le 26 août d'interdire une manifestation d'opposants au port du masque et aux mesures de restrictions contre la pandémie de Covid-19, suscitant l'indignation de la droite radicale qui appelle à «résister».
Les autorités de la capitale allemande ont interdit le 26 août une manifestation «antimasques», prévue le 29 août. Elles ont justifié cela par l'impossibilité de respecter les distances d'au moins 1,5 mètre entre manifestants, dans un contexte de reprise de l'épidémie en Allemagne. Les organisateurs du rassemblement peuvent encore engager des recours contre cette interdiction.
«Ce n'est pas une décision contre la liberté de réunion, mais une décision pour la protection contre les infections», a justifié Andreas Geisel, chargé de l'Intérieur à la mairie de Berlin. «Nous devons donc mettre en balance le droit fondamental de la liberté de réunion et le droit à l'intégrité de la vie. Nous avons choisi la vie», a ajouté l'élu social-démocrate, dans un communiqué de la municipalité.
Mais cette décision a suscité un tollé dans les rangs de la droite radicale. «Auriez-vous pris la même décision si les manifs avaient été "CONTRE LA DROITE" ?», s'est indignée sur Twitter Alice Weidel, chef de file des députés de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) au Bundestag.
#Berlin verbietet mehrere regierungskritische #Corona-Demonstrationen. Hätte man so auch entschieden, wenn sich die Demos "GEGEN RECHTS" gerichtet hätten? Grundrechte werden inzwischen nur noch dem zugesprochen, der sich wohlwollend gegenüber der Regierungspolitik verhält! #AfDpic.twitter.com/l215gnvXUr
— Alice Weidel (@Alice_Weidel) August 26, 2020
Des appels à «résister» et à manifester le 29 août en dépit de l'interdiction circulaient le 26 août sur les réseaux sociaux.
Le journal Bild proteste également contre l'interdiction
Le populaire Bild, le plus lu des quotidiens allemands, s'est lui-même ému dans un éditorial cinglant sur internet de cette interdiction, une «attaque inacceptable contre l'un de nos droits les plus fondamentaux».
«Un groupe très peu recommandable, mais surtout [encore] assez restreint, est mis ici en position de défendre notre Loi fondamentale», déplore Bild, rappelant que nombre de rassemblements ont été autorisés ces derniers mois à Berlin en dépit de la pandémie.
Une précédente manifestation à Berlin d'opposants aux mesures contre l'épidémie a réuni le 1er août quelque 20 000 personnes dans un cortège hétéroclite rassemblant «libres penseurs», militants antivaccins, conspirationnistes ou encore sympathisants de la droite radicale. Elle a été interrompue par la police car les manifestants, après avoir été plusieurs fois rappelés à l'ordre, n'avaient pas respecté les gestes barrière. Des manifestations comme le 8 août à Stuttgart ou le 15 août à Hambourg ont aussi été organisées pour contester les mesures anti-coronavirus.
Comme nombre de pays européens, l'Allemagne est confrontée ces dernières semaines à une reprise de la pandémie de Covid-19, avec plus de 1 000 nouveaux cas officiellement déclarés chaque jour et 9 280 décès.