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Le Kremlin fait part de son étonnement après les conclusions allemandes sur Navalny

Dmitri Peskov a affiché des doutes quant à l'utilisation du terme «empoisonnement» par l'hôpital de Berlin dans lequel est soigné Alexeï Navalny. Le porte-parole a également assuré que les médecins russes avaient tout fait pour soigner l'opposant.

Lors d'une conférence de presse donnée le 25 août, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, s'est exprimé sur le cas d'Alexeï Navalny, hospitalisé en Allemagne et actuellement dans le coma après son transfert de Sibérie le 22 août.

Il a fait part de son étonnement devant l'empressement des médecins de l'hôpital de la Charité de Berlin à faire usage du terme «empoisonnement», tout en assurant que les médecins russes avaient tout tenté pour sauver l'opposant.

Si l'on trouve la substance en cause et s'il est établi qu'il s'agit d'un empoisonnement, alors, bien sûr, ce sera un motif d'enquête

«L'analyse médicale de nos médecins et celle des Allemands concordent complètement mais leurs conclusions divergent. Nous ne comprenons pas cet empressement chez nos collègues allemands», a-t-il déclaré aux journalistes.

«Tout d'abord, il est nécessaire d'identifier la substance, de découvrir ce qui a causé son état [...] Jusqu'à présent, tout ce que nous pouvons dire, c'est que le patient est dans le coma», a-t-il ajouté, précisant : «Si l'on trouve la substance en cause et s'il est établi qu'il s'agit d'un empoisonnement, alors, bien sûr, ce sera un motif d'enquête.»

«De nombreuses autres versions médicales» plausibles, selon Dmitri Peskov

Il a souligné qu'il existait «de nombreuses autres versions médicales» expliquant l'état de santé d'Alexeï Navalny, avançant une possible prise de médicaments ou encore la réponse du corps à certaines conditions. «Toutes ces versions ont été examinées dès les premières heures par les médecins et spécialistes d'Omsk [et] de Moscou, tout cela a été discuté et vérifié dix fois [...] Ils n'ont rien trouvé», a-t-il fait valoir.

Il a par la suite fait savoir que les médecins russes étaient parfaitement disposés à échanger des données avec Berlin : «Bien sûr, nos médecins sont prêts à fournir eux-mêmes des échantillons des premiers tests et s'attendent à inviter leurs collègues allemands à échanger des informations et divers matériels biologiques.»

Il a ajouté que les accusations faisant état d'un empoisonnement sur ordre des autorités ne pouvaient «en aucun cas être vraies» et que le Kremlin ne pouvait dès lors pas les «prendre au sérieux».

Les médecins berlinois soignant l'opposant russe avaient fait savoir le 24 août que celui-ci aurait été intoxiqué par «une substance du groupe des inhibiteurs de la cholinestérase».

«Cette baisse [de cholinestérase] peut avoir de nombreuses causes, notamment la prise de certains médicaments. Il faut établir la cause, et cette cause, ni nos médecins ni les Allemands ne l'ont identifiée», a rétorqué Dmitri Peskov, admettant que la Russie serait «reconnaissante» si, d'aventure, les médecins allemands trouvaient la substance en cause.

«Nous ne savons pas s'il y a eu empoisonnement ou non», a conclu le porte-parole du président Vladimir Poutine.

Paris dénonce un «acte criminel»

Dans un communiqué de presse diffusé le 25 août, le ministère français des Affaires étrangères a pour sa part dénoncé un «acte criminel». «Nous avons pris connaissance des résultats préliminaires publiés par les médecins de l’hôpital de la Charité de Berlin, qui indiquent que M. Alexeï Navalny a été victime d’un empoisonnement. La France exprime sa profonde préoccupation devant cet acte criminel perpétré à l’encontre d’un acteur majeur de la vie politique russe», est-il expliqué dans le document.

Les responsables de cet acte devront être identifiés et traduits devant la justice

«Il est indispensable que les autorités russes diligentent une enquête rapide et transparente qui permette d’établir les circonstances dans lesquelles cet acte a été commis. Les responsables de cet acte devront être identifiés et traduits devant la justice», est-il encore assuré.

Enfin, le Quai d'Orsay a souhaité «un prompt rétablissement à M. Alexeï Navalny et [réitéré] la disponibilité de la France exprimée par le Président de la République à lui apporter ainsi qu’à ses proches notre appui dans ces circonstances difficiles».

Alexeï Navalny se trouve toujours dans le coma à l'hôpital de la Charité à Berlin. Il avait été victime d'un malaise (que ses proches ont immédiatement attribué à un empoisonnement) le 20 août alors qu'il se rendait de Omsk à Moscou par avion.