International

«Traces d'empoisonnement» sur Navalny ? Les médecins russes prêts à communiquer leurs résultats

L'hôpital berlinois de la Charité où l'opposant russe a été admis affirme qu'Alexeï Navalny présente des «traces d'empoisonnement». Les médecins russes, parvenus à une conclusion différente, se disent prêts à fournir leurs données à leurs confrères.

Ce 24 août, l'hôpital de la Charité à Berlin, où Alexeï Navalny se trouve dans le coma après son transfert de Sibérie, a fait savoir dans un communiqué qu'il présentait des «traces d'empoisonnement». Une conclusion qui va à l'encontre des résultats auxquels sont parvenus les laboratoires de Omsk et Moscou selon lesquels «aucune substance pouvant être considérée comme du poison [...] n'a été identifiée».

Les médecins russes prêts à communiquer leurs résultats

En réaction au communiqué allemand, le ministère de la Santé de la région d'Omsk, cité par l'agence de presse RIA Novosti, a fait savoir que les médecins de cette région étaient prêts à fournir à leurs confrères allemands les données et résultats de toutes leurs études.

Dans son communiqué, l'hôpital berlinois s'inquiétait de la santé de l'opposant russe, soulignant notamment que «l'issue de la maladie rest[ait] incertaine» et que «des séquelles à long terme, en particulier dans le domaine du système nerveux, ne p[ouvaient] être exclues à ce stade». L'hôpital rapporte que «les résultats cliniques indiquent une intoxication par une substance du groupe des inhibiteurs de la cholinestérase», une enzyme susceptible, selon l'AFP, «d'être utilisée, à faible dose, contre la maladie d'Alzheimer», mais pouvant produire de puissants neurotoxiques à plus haute dose. 

Lors de son admission à l'hôpital, Alexeï Navalny a fait l'objet de tests sur un large éventail de stupéfiants, substances synthétiques, psychodésiques et médicinales, y compris les inhibiteurs de la cholinestérase

«Lors de son admission à l'hôpital, Alexeï Navalny a fait l'objet de tests sur un large éventail de stupéfiants, substances synthétiques, psychodésiques et médicinales, y compris les inhibiteurs de la cholinestérase. Les résultats ont été négatifs», a déclaré pour sa part aux agences russes Alexandre Sabaïev, toxicologue en chef de l'hôpital des urgences n°1 d'Omsk, où était hospitalisé Alexeï Navalny avant son transfert en Allemagne.

Plus tôt dans la journée, lors d'une conférence de presse retransmise en ligne, les médecins de l'hôpital sibérien où Alexeï Navalny avait été admis dans un premier temps, avaient démenti toute pression de la part des autorités (comme le soupçonnaient des proches de l'homme politique) dans le diagnostic qui excluait l'hypothèse d'un empoisonnement.

«Nous ne nous sommes mis d'accord sur le diagnostic avec personne. Aucune pression n'a été exercée sur nous de l'extérieur, de la part de médecins ou d'autres forces», avait déclaré Alexandre Mourakhovsky, médecin en chef de l'hôpital d'Omsk. «Il était embarrassant que des journalistes et des médecins de renommée mondiale se permettent des commentaires sans avoir aucune information», avait-il regretté, affirmant avoir reçu «plusieurs dizaines de menaces» à son adresse et celle de sa famille.

Ce témoignage n'a pas empêché une porte-parole de l'homme politique russe, Kira Iarmych, de dénoncer une «propagande d’État» et d'assurer : «L’empoisonnement de Navalny n’est plus une hypothèse, c’est un fait établi.»

Merkel hausse le ton

Quelques instants avant la publication des résultats de l'hôpital de la Charité, le porte-parole du gouvernement allemand Steffen Seibert avait déclaré à la presse qu'Alexeï Navalny avait «de manière assez probable [...] été victime d'une attaque au poison».

«Le soupçon ne porte pas sur le fait que monsieur Navalny se soit empoisonné lui-même mais que quelqu'un ait empoisonné monsieur Navalny et le gouvernement allemand prend ce soupçon très au sérieux», avait-il encore affirmé.

Par la suite, c'est la chancelière Angela Merkel qui a pris la parole dans un communiqué à l'attention de Moscou : «Les autorités sur place sont appelées de manière urgente à résoudre cette affaire jusque dans les moindres détails et en pleine transparence.» Elle a plaidé pour que les responsables soient «traduits en justice».

Alexeï Navalny avait été évacué le matin du 22 août vers Berlin dans un jet privé affrété par une ONG allemande, au terme d'une journée de bras de fer entre la famille de l'homme politique et les médecins russes qui jugeaient au départ son état trop instable que pour autoriser son transfert.