«Ministre du crime», «tu es viré», «libérez Israël» : des milliers de manifestants réclamant le départ du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou se sont à nouveau rassemblés le 22 août devant sa résidence officielle à Jérusalem.
Au rythme des percussions, et sous la surveillance de la police, des milliers d'Israéliens – 10 000 selon des médias locaux – se sont sont réunis pour demander le départ du chef d'Etat israélien en l'accusant notamment de corruption ou d'avoir mal géré l'impact économique de la pandémie de Covid-19.
Benny Gantz critiqué pour son entente avec Benjamin Netanyahou
«J'espère que les choses vont bouger et qu'il va être forcé de donner son siège à quelqu'un d'autre. Ce n'est pas un Premier ministre honnête. Il est accusé dans un procès et pense plus à sauver ses intérêts qu'à défendre ceux du pays», a déclaré à l'AFP Ora, une manifestante venue du nord du pays et qui a fait trois heures de route pour participer au rassemblement de la rue Balfour, devant la résidence de Benjamin Netanyahou.
Pour Efrat, une autre manifestante rompue à ces rendez-vous post-shabbat, le message s'adresse aussi à Benny Gantz, chef de la formation centriste Bleu Blanc, arrivé en deuxième place aux élections de mars, et qui s'est entendu sur un partage du pouvoir avec le dirigeant israélien malgré les ennuis de celui-ci avec la justice.
«De nombreuses personnes ici ont voté pour Benny Gantz. Et nous voulons qu'il sache qu'il a fait une erreur en s'alliant avec [Benjamin] Netanyahou», a-t-elle notamment déclaré.
Plusieurs manifestants anti-Netanyahou portaient le 22 août au soir un masque sanitaire barré de l'inscription en anglais «crime minister» (ministre du crime), d'autres avaient écrit sur des pancartes «tu es viré», «libérez Israël», «Biélorussie, Liban, Israël, unis nous sommes, Révolution !». Certains avaient juxtaposé le nom du Premier ministre à la photo du philosophe Machiavel, l'auteur du Prince.
La police israélienne avait fait état de sept arrestations lors des manifestations de Jérusalem. Selon de récents sondages, le Likoud de Benjamin Netanyahou reste en première place dans les intentions de vote, alors que la formation Bleu Blanc de Benny Gantz recule, et que les formations de centre-gauche Yesh Atid et de la droite radicale Yamina progressent.
Netanyahou, inculpé pour corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires
Depuis le début de l'été, et malgré la pandémie de coronavirus, des milliers de personnes se réunissent après le shabbat (le samedi soir) à travers le pays pour appeler au remplacement du Premier ministre Netanyahou, au pouvoir sans discontinuer depuis 2009.
Benjamin Netanyahou, chef du Likoud (droite nationale-libérale), a remporté les dernières élections, en mars, et a formé, dans la foulée, un gouvernement de coalition avec son rival, le centriste Benny Gantz, afin de sortir le pays de la plus longue crise politique de son histoire.
Inculpé pour corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires, Benjamin Netanyahou est au cœur d'un procès dont les auditions de témoins débuteront en janvier 2021. Selon la loi israélienne, le Premier ministre n'est pas obligé de démissionner s'il est inculpé mais seulement s'il est reconnu coupable d'un crime après avoir épuisé toutes les procédures d'appel. Ce qui pourrait prendre un certain temps.