International

Biélorussie : l’opposante Tikhanovskaïa appelle l'UE à rejeter les résultats de la présidentielle

En amont du sommet extraordinaire de l'UE sur la crise politique en Biélorussie, l'ex-candidate à la présidentielle biélorusse et figure de l'opposition Svetlana Tikhanovskaïa a encouragé les dirigeants européens à ne pas reconnaître le scrutin.

La candidate malheureuse à la présidentielle en Biélorussie Svetlana Tikhanovskaïa a publié le 18 août sur sa chaîne YouTube une nouvelle vidéo dans laquelle elle exhorte les leaders européens à ne pas reconnaître les résultats de l'élection du 9 août dernier dans son pays. Cette dernière a consacré la large victoire du président Alexandre Loukachenko et a généré un vaste mouvement de protestation, une partie des Biélorusses contestant les résultats du scrutin.

Je vous appelle à ne pas reconnaître cette élection frauduleuse

«Je vous appelle à ne pas reconnaître cette élection frauduleuse», a-t-elle déclaré en anglais à l'adresse du Conseil de l'Europe, réunissant les ministres des pays membres de l'Union européenne. Elle juge que le président actuel Alexandre Loukachenko «a perdu toute légitimité» aux yeux du peuple biélorusse et mais aussi «du monde». 

Svetlana Tikhanovskaïa a également rappelé la création d'un «Conseil national de coordination» censé assurer le «transfert pacifique du pouvoir» afin d'organiser une nouvelle élection présidentielle «équitable et démocratique» avec la participation d'observateurs internationaux. L'opposante a encouragé les dirigeants des Etats européens à soutenir «l'éveil de la Biélorussie». Pour autant, l'ex-candidate à la présidentielle, qui a rejoint la Lituanie après avoir subi des pressions selon son entourage, a appelé «tous les pays» à «respecter les principes du droit international» ainsi que «la souveraineté de la République de Biélorussie et le choix du peuple biélorusse».

Le 17 août dernier, Charles Michel, président du Conseil européen, a convoqué pour le 19 août une réunion extraordinaire, par vidéoconférence, des chefs d’Etat et de gouvernement des membres de l'Union européenne pour évoquer la crise politique en Biélorussie. «Le peuple de la Biélorussie a le droit de décider de son avenir et d’élire librement son dirigeant. Les violences contre les manifestants sont inacceptables», a-t-il déclaré dans un message publié sur Twitter.

Le 14 août déjà, les ministres des Affaires étrangères de l'UE avaient donné leur feu vert pour «sanctionner les responsables de la répression» des manifestations qui ont suivi la réélection du président biélorusse Alexandre Loukachenko.

«L'Union européenne doit continuer de se mobiliser aux côtés des centaines de milliers de Biélorusses qui manifestent pacifiquement pour le respect de leurs droits, de leur liberté et de leur souveraineté», a estimé Emmanuel Macron sur Twitter le 16 août.

Pékin et Moscou mettent en garde contre toute ingérence

Le président russe Vladimir Poutine, de son côté, a récemment souligné que «l'ingérence dans les affaires intérieures de la Biélorussie» et la «pression extérieure sur les dirigeants biélorusses» étaient «inacceptables». Le 16 août, le chef d'Etat avait proposé l'aide de la Russie dans le cadre des traités liant son pays et la Biélorussie. Le Kremlin espère «normalisation rapide de la situation».

Le 19 août, Zhao Lijian, porte-parole de la diplomatie chinoise, a déclaré qu'«en tant que bon ami et bon partenaire, [la Chine ne souhaitait] pas que le chaos émerge en Biélorussie et [s'opposait] à la division et aux troubles créés par des forces extérieures dans la société biélorusse».

Récemment, le chef d'Etat biélorusse Alexandre Loukachenko avait appelé les manifestants à cesser d'«aller dans les rues», suggérant qu'ils pouvaient être manipulés par des acteurs étrangers. «La plupart de ceux qui descendent dans les rues ne comprennent pas ce qu’ils font», tandis que «ceux qui coordonnent et guident [ces manifestations] le comprennent», avait assuré Alexandre Loukachenko.

Le président avait pointé du doigt de supposés acteurs étrangers dans la vague de contestation touchant son pays : «Aujourd'hui, certains sont déjà venus ici de Pologne, de Hollande, d'Ukraine, de cette «Russie ouverte» [organisation de l'ancien oligarque Mikhaïl Khodorkovsky], de [l'opposant russe] Navalny, etc. L'agression contre le pays a déjà commencé. Dites-moi, comment un militaire agit-il ? Que dois-je faire dans cette situation ? Voulez-vous que je m'assoie et que j'attende que Minsk soit renversée ?»

L'annonce de la réélection d'Alexandre Loukachenko a déclenché dès le 9 août des manifestations dans toutes les grandes villes du pays, qui se sont renouvelées depuis. La police a réagi en procédant à des milliers d'arrestations dans les soirs ayant suivi le scrutin.

Ce 19 août, un troisième décès de manifestant a été rapporté par le site d'information tut.by : selon ses proches cités par ce média, un Biélorusse est décédé à l'hôpital d'une blessure «par balle» reçue lors d'une de ces manifestations réprimées par la police antiémeute. Ce même jour, le ministère de la Santé a confirmé dans un communiqué la mort de Guennadi Choutov, 43 ans, suite à une «forte détérioration» de son état de santé, ne mentionnant pas la cause de ses blessures.