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Biden et «l'autocrate» Erdogan : Ankara dénonce l'interventionnisme du candidat démocrate

Dans une vidéo du New York Times, qui a enflammé les réseaux sociaux, le candidat démocrate à la présidentielle américaine Joe Biden s'en est pris ouvertement au président turc Erdogan, qu'il a qualifié d'«autocrate», au grand dam d'Ankara.

A moins de trois mois des élections présidentielles américaines, le candidat démocrate Joe Biden se trouve au cœur d'une polémique mettant à mal sa crédibilité sur la scène internationale. Après «l'affaire ukrainienne» et ses propos tenus sur la communauté afro-américaine lors d'une interview télévisée, une vidéo montrant le septuagénaire critiquant ouvertement la Turquie et apostrophant le président turc Recep Tayyip Erdogan a enflammé les réseaux sociaux et suscité l'ire d'Ankara.

Nous devrions avoir une approche très différente avec [Recep Tayyip Erdogan], faire comprendre clairement que nous soutenons les leaders de l'opposition

Lors d'un entretien filmé par le New York Times en décembre 2019, dont la vidéo a refait surface depuis le 15 août, l'ancien vice-président de Barack Obama qualifiait le chef d'Etat turc d'«autocrate», condamnant sa politique envers les populations kurdes, et réclamant un soutien total à l'opposition.

«Nous devrions avoir une approche très différente avec [Recep Tayyip Erdogan], faire comprendre clairement que nous soutenons les leaders de l'opposition», assurait notamment Joe Biden.

Il faudrait, d'après lui, aider les adversaires du dirigeant turc à «prendre de l'assurance [...] afin qu'ils puissent affronter et vaincre Erdogan. Pas par un coup d'Etat, pas par un coup d'Etat, mais par le processus électoral».

Ankara soupçonne Washington d'ingérence à l'époque de Barack Obama

Suite à la réapparition de cette interview, passée inaperçue dans un premier temps, y compris après sa publication en janvier au format écrit, le gouvernement turc a fermement réagi aux affirmations du candidat démocrate.

Repris par l'AFP, Mevlüt Cavusoglu, le ministre turc des Affaires étrangères, a vu dans ces déclarations un aveu d'implication des Etats-Unis dans la tentative manquée de putsch contre Recep Tayyip Erdogan en juillet 2016. A l'époque, Joe Biden était encore vice-président.

«Lorsqu'il insiste à deux reprises [sur l'expression "coup d'Etat"], moi je comprends ceci : "Nous avons déjà essayé un putsch dans le passé. Comme cela n'a pas marché, changeons de tactique"», a déclaré le chef de la diplomatie turque.

«L'analyse de la Turquie par Joe Biden est basée sur une ignorance pure, de l'arrogance et de l'hypocrisie», a de son côté fait valoir le le porte-parole du président turc, Ibrahim Kalin, le 16 août sur Twitter. Avant d'ajouter : «Les jours où la Turquie était menée à la baguette sont révolus. Mais si vous pensez pouvoir y arriver, tentez votre chance. Vous en paierez le prix.»

Le directeur de la communication de la présidence turque, Fahrettin Altun, a quant à lui dénoncé le 15 août sur le même réseau social les «attitudes interventionnistes» de Joe Biden et des Etats-Unis. «Ces remarques ne sont pas conformes à la démocratie et à la nature des relations turco-américaines», a-t-il ajouté.

Cette vidéo a également semé le trouble au sein de l'opposition au président turc, qui est régulièrement accusée par Ankara d'être à la solde de puissances étrangères. Ainsi, plusieurs responsables du principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (social-démocrate et laïc), cités par l'AFP, ont rapidement appelé Joe Biden et les Etats-Unis à «respecter la souveraineté de la Turquie».