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Libye : Paris, Berlin et Rome prêts à envisager des «sanctions» contre certains «acteurs étrangers»

La France, le Royaume-Uni et l’Allemagne se sont dits «prêts à envisager un recours éventuel à des sanctions» en cas de violation de l'embargo en Libye, invitant « tous les acteurs étrangers [à] mettre fin à leurs ingérences» dans le pays.

Dans un communiqué commun diffusé le 18 juillet 2020, Paris, Berlin et Rome se sont déclarés «prêts à envisager un recours éventuel à des sanctions si les violations de l'embargo en mer, sur terre ou dans les airs se poursuivent» en Libye. Les trois capitales européennes demandent «à tous les acteurs étrangers de mettre fin à leurs ingérences croissantes et de respecter pleinement l'embargo sur les armes établi par le Conseil de sécurité des Nations unies».

Réunis à Bruxelles en marge du Conseil européen, lors duquel doit être négocié un accord établissant un plan de relance commun après la pandémie de coronavirus, le président français Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel et le président du Conseil italien Giuseppe Conte ont fait état de leurs «graves préoccupations concernant la montée des tensions militaires dans ce pays et le risque accru d'une escalade régionale», ajoutant : «Nous demandons donc à toutes les parties libyennes et à leurs soutiens étrangers de cesser immédiatement les combats et de mettre un terme à l'escalade militaire en cours à travers le pays.»

Un pays en proie au chaos depuis 2011

«Nous soutenons les efforts des Nations unies en vue d’obtenir la signature d'un accord de cessez-le-feu durable et crédible […] Nous rappelons à toutes les parties libyennes et internationales qu'un règlement politique de la crise libyenne doit être pleinement inclusif et fondé sur les conclusions de la Conférence de Berlin [organisée en janvier]», ont-ils fait valoir, invitant «les Nations unies à explorer toutes les options pour réduire les tensions, y compris celles d'un large désengagement de forces, voire d'une éventuelle démilitarisation dans certaines régions».

Depuis l’intervention controversée menée en 2011 sous l’égide de l’OTAN et la chute de Mouammar Kadhafi, le pays s’est enfoncé dans le chaos, nourrissant aussi bien le terrorisme islamiste que la crise migratoire. Désormais, la Libye est divisée entre le Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU et basé dans la capitale Tripoli, et le maréchal Haftar, établi dans l’est et une partie du sud de la Libye.

Le 29 juin, Emmanuel Macron avait accusé la Turquie d'avoir «massivement réimporté des combattants djihadistes depuis la Syrie» afin de soutenir le GNA de Fayez al-Sarraj. Pour le président français, Recep Tayyip Erdogan «ne respecte aucun de ses engagements de la conférence de Berlin». Le 22 juin, il avait déjà accusé Ankara de jouer un «jeu dangereux» en Libye, dans lequel il voyait une nouvelle démonstration de la «mort cérébrale» de l'OTAN.

Le 1er juillet, la France s'était même retirée temporairement de l'opération Sea Guardian et avait accusé la Turquie de violer l’embargo sur les armes à destination de la Libye, ainsi que d'avoir visé une de ses frégates lors d'un contrôle de navires.

Déjà en juin dernier, Paris, Rome et Berlin avaient appelé à la fin de «toutes les ingérences» d'acteurs étrangers en Libye et exhorté les parties libyennes à «cesser immédiatement et sans condition les combats».