Pour un prêt contracté en 2014 de près de 9,4 millions d'euros, à un taux annuel de 6%, le Rassemblement national (RN) est convoqué à partir du 2 juin par un tribunal moscovite après le recours de son créancier russe, la société Aviazaptchast. Le parti présidé par Marine Le Pen avait cinq ans pour le rembourser.
Le vice-président du Rassemblement national Jordan Bardella a affirmé le 28 mai qu'en raison de la crise du Covid-19, ce serait «compliqué» pour son parti de se rendre à Moscou pour s'expliquer devant le tribunal. Les frontières russes restent effectivement fermées aux étrangers. Des vols sont organisés seulement pour le rapatriement de Russes.
A l'origine, le RN (qui se nommait alors le Front national) avait contracté le prêt auprès de la First Czech Russian Bank (FCRB), une banque à capitaux russes et tchèques, privée de sa licence en 2016. Ses actifs ont ensuite été transférés à la société russe Conti, qui les a ensuite transférés à Aviazaptchast.
En février dernier, RT France avait contacté le trésorier du Rassemblement national, Wallerand de Saint-Just à ce sujet. Celui-ci avait déclaré être en pourparlers avec son créancier : «Nous avons de bonnes relations avec lui et nous avons le désir de rembourser cette dette, ce que nous sommes en train de faire», expliquant aussi : «Nous avons compris qu’il était contraint d’introduire cette procédure judiciaire par la réglementation russe parce qu’il s’agit d’une créance en devises étrangères.»
Le remboursement de ce prêt pourrait aggraver les difficultés financières du RN, déjà endetté et fragilisé par d'autres créances.
Le parti doit notamment rembourser cette année, sur l'aide publique annuelle au RN (d'environ 5,5 millions d'euros), 4,2 millions d'euros au microparti Cotelec du cofondateur du FN Jean-Marie Le Pen. Le RN saura également le 16 juin s'il est condamné ou pas dans le financement de sa campagne pour les législatives en 2012. L'Etat français réclame près de 11,6 millions d'euros de dommages et intérêts.