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Les enfants du journaliste assassiné Jamal Khashoggi pardonnent aux meurtriers

L'un des fils du journaliste Jamal Khashoggi a publié ce 22 mai sur Twitter un message de pardon aux tueurs de son père. Cet assassinat avait été attribué aux services secrets saoudiens, lors d'un procès en décembre dernier.

Les enfants de Jamal Khashoggi, journaliste saoudien torturé et assassiné en octobre 2018 dans le consulat d'Arabie saoudite à Istanbul, ont annoncé ce 22 mai qu'ils pardonnaient aux tueurs de leur père. «En cette nuit bénie de ce mois béni, nous nous souvenons qu'Allah a dit : "Si une personne pardonne et entame la réconciliation, Allah le récompensera." En conséquence, nous, les fils du martyr Jamal Khashoggi, annonçons que nous pardonnons à ceux qui ont tué notre père, souhaitant la récompense d'Allah tout-puissant», a écrit sur Twitter Salah Khashoggi, fils aîné des quatre enfants l'ancien journaliste du Washington Post.

Hatice Cengiz, la fiancée turque du journaliste Jamal Khashoggi, a réagi sur le champ en affirmant que «personne n'[avait] le droit de pardonner ses meurtriers», après le geste de clémence annoncé par les fils du défunt. «Le piège qui lui a été tendu et son meurtre haineux n'ont pas de délai de prescription et personne n'a le droit de pardonner ses meurtriers. On ne s'arrêtera pas avant que justice soit faite pour Jamal», a tweeté Hatice Cengiz.

Jamal Khashoggi, critique du gouvernement saoudien après en avoir été proche, a été assassiné et son corps découpé en morceaux le 2 octobre 2018 dans le consulat d'Arabie saoudite à Istanbul, où il s'était rendu pour récupérer un document. Selon la Turquie, Khashoggi a été étranglé puis son corps démembré lors d'une mission opérée par une équipe de quinze personnes. Les restes de l'éditorialiste de 59 ans n'ont jamais été retrouvés.

Nous, les fils du martyr Jamal Khashoggi, annonçons que nous pardonnons à ceux qui ont tué notre père, souhaitant la récompense d'Allah tout-puissant

La peine de mort épargnée aux meurtriers ?

Les autorités saoudiennes n'ont pas publiquement réagi à la déclaration de Salah Khashoggi, qui vit toujours en Arabie saoudite et a toujours nié un quelconque arrangement financier avec le pouvoir. En avril 2019, le Washington Post avait assuré que les enfants du journaliste assassiné, y compris Salah, avaient reçu des maisons de plusieurs millions de dollars et étaient payés des milliers de dollars par mois par les autorités. La famille avait alors démenti.

Par le passé, Salah Khashoggi avait déjà assuré avoir «pleinement confiance» dans le système judiciaire saoudien, critiquant les opposants qui, selon lui, cherchaient à exploiter cette affaire.

«Cela signifie principalement que les assassins éviteront la peine capitale puisque c'est un droit que la famille détient [selon la charia, la loi islamique] par le pardon», a estimé sur Twitter Ali Shihabi, auteur et analyste saoudien proche du gouvernement.

Un assassinat commis par des agents secrets saoudiens

A l'issue d'un procès opaque en Arabie saoudite, cinq Saoudiens ont été condamnés à mort et trois condamnés à des peines de prison pour l'assassinat de Jamal Khashoggi. Onze personnes avaient été inculpées au total. Le verdict prononcé en décembre, qualifié de «parodie de justice» par les organisations internationales de défense des droits humains, est intervenu alors que le royaume redoublait d'efforts diplomatiques pour tirer un trait sur cette crise et redorer une image ternie, à l'approche du sommet du G20, organisé par Riyad cette année.

Après avoir nié l'assassinat, puis avancé plusieurs versions contradictoires, les autorités de Riyad ont affirmé qu'il avait été commis par des agents saoudiens ayant agi seuls et sans ordre de hauts dirigeants. Le prince héritier Mohammed ben Salmane (surnommé MBS) a été désigné par des responsables turcs et américains comme étant le commanditaire du meurtre. Il a dit plus tard assumer, en tant que dirigeant, la responsabilité du meurtre, niant cependant en avoir eu connaissance avant qu'il ne soit commis.

La Turquie a enquêté sur de hauts responsables proches de MBS

Fin mars, la justice turque a lancé des poursuites contre vingt personnes dont deux proches de MBS, l'ex-conseiller Saoud al-Qahtani et l'ancien numéro deux du renseignement, le général Ahmed al-Assiri, identifiés comme les commanditaires du meurtre. Le premier a fait l'objet d'une enquête mais n'a pas été inculpé «en raison de preuves insuffisantes» et le second, mis en accusation, a été acquitté pour les mêmes motifs, selon le parquet saoudien. Les deux hommes ont toutefois été officiellement évincés du cercle politique du prince hériter.