Dans une interview à l'émission 60 minutes de la chaîne américaine CBS, diffusée le 29 septembre, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, dit MBS, est revenu sur l'actualité internationale. Il a notamment commenté l'affaire Jamal Khashoggi, journaliste saoudien assassiné par strangulation en octobre 2018 dans le consulat d'Arabie saoudite, et dont le corps a ensuite été découpé en morceaux.
Mohammed ben Salmane passe aux aveux
L'héritier de la dynastie saoudienne a commencé par affirmer qu'il n'avait pas commandité le meurtre du dissident. Il a reconnu l'aspect barbare de ce meurtre en le qualifiant de «crime odieux». Il a ensuite poursuivi : «J'assume toute la responsabilité [du crime], en tant que dirigeant saoudien, en particulier parce que [le meurtre] a été commis par des individus travaillant pour le gouvernement saoudien.» MBS a fini par admettre «une erreur» et a promis de «prendre toutes les mesures pour éviter une telle chose à l'avenir».
En juin dernier, l'ONU, par la voix de son rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaire, Agnès Callamard, avait conclu, après une enquête préliminaire démarrée en janvier, à «des éléments de preuve crédibles, justifiant une enquête supplémentaire sur la responsabilité individuelle des hauts responsables saoudiens, y compris celle du prince héritier».
Washington et Riyad unis contre l'Iran
Lors du même entretien télévisé, le prince héritier saoudien a adopté un ton martial en abordant les récentes attaques contre deux installations pétrolières d'Aramco, revendiquées par les rebelles houthis du Yémen.
Réitérant ses accusations envers Téhéran, qui a pourtant toujours nié être impliqué dans ces attaques, Mohammed ben Salmane a affirmé : «Le seul but stratégique [de l'Iran] est de prouver qu'ils sont stupides, et c'est ce qu'ils ont fait.» Il a conclu sa tirade en s'alignant sur la déclaration du secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, qui avait qualifié ces attaques «d'acte de guerre» de la part de l'Iran.
La responsabilité, assumée, des autorités saoudiennes dans l'affaire Khashoggi n'empêche donc pas Riyad et Washington de s'allier lorsqu'il s'agit de contrer l'Iran.
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