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Affaire Khashoggi : informés par la CIA, des sénateurs américains mettent en cause MBS

Nouveau rebondissement de l'affaire Kashoggi aux Etats-Unis : des sénateurs américains des deux bords politiques affirment qu'ils n'ont plus aucun doute sur l'implication du prince saoudien dans le meurtre du journaliste à Istanbul.

Des sénateurs républicains américains ont affirmé le 4 décembre, après avoir été informés à huis clos des conclusions de la CIA, n'avoir «aucun doute» sur le fait que le prince héritier saoudien avait «ordonné» le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi. Cette position contredit directement le président américain Donald Trump, qui avait déclaré que le service de renseignement n'avait «rien trouvé d'absolument certain» et avait réaffirmé l'alliance «inébranlable» entre Washington et Riyad.

«Je n'ai aucun doute sur le fait que le prince héritier [saoudien Mohammed ben Salmane] a ordonné le meurtre et a été maintenu au courant de la situation tout le long», a déclaré à des journalistes le sénateur Bob Corker en sortant d'une réunion avec Gina Haspel, directrice de la CIA.

Cet élu, chef de la commission des Affaires étrangères, a affirmé n'avoir pas entendu, au cours de cette réunion d'environ une heure, l'enregistrement audio de l'assassinat de Jamal Khashoggi au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul, début octobre.

Un autre sénateur républicain, Lindsey Graham, a confirmé penser que MBS était «complice du meurtre de [Jamal] Khashoggi au plus haut niveau possible». Plusieurs sénateurs démocrates ont abondé en ce sens.

Bob Corker et Lindsey Graham ont reconnu l'importance de l'Arabie saoudite pour les Etats-Unis, notamment face à l'Iran. Mais aucun n'est prêt pour autant à fermer les yeux : «L'Arabie saoudite est un allié stratégique et cette relation vaut la peine d'être sauvée, mais pas à tout prix», a martelé Lindsey Graham. «Notre position dans le monde et notre sécurité nationale seront plus affectées si nous ignorons MBS que si nous nous occupons de lui.» Mohammed ben Salmane «est fou, il est dangereux, et il a mis cette relation en danger» car il n'est pas «fiable», a-t-il également lancé.

L'ambassade d'Arabie saoudite à Washington a une nouvelle fois «rejeté catégoriquement toutes les accusations liant prétendument le prince héritier à cet horrible incident». «A aucun moment Son Altesse Royale le prince héritier n'a eu d'échanges avec un quelconque responsable saoudien visant à faire du mal à Jamal Khashoggi», a insisté sur Twitter sa porte-parole, Fatimah Baeshen.

Journaliste critique du pouvoir saoudien, Jamal Khashoggi vivait depuis 2017 aux Etats-Unis, où il travaillait pour le Washington Post. Selon plusieurs médias américains, la CIA estime que son assassinat a été commandité par le prince héritier. L'agence aurait comme preuve un échange de messages avec un proche conseiller supervisant l'opération, Saoud al-Qahtani, dans les heures précédant et suivant le meurtre.

Donald Trump n'a pas exclu que Mohammed ben Salmane ait été au courant du meurtre, mais il répète que «les Etats-Unis entendent rester un partenaire inébranlable de l'Arabie saoudite». Le 28 novembre, son secrétaire d'Etat, Mike Pompeo, avait affirmé que le rapport de la CIA ne contenait «aucun élément direct liant le prince héritier à l'ordre de tuer Jamal Khashoggi».

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