Viktor Orban ne veut pas débattre avec la «bulle bruxelloise»
- Avec AFP
Après les récentes critiques européennes à son égard, Viktor Orban réagit. Le premier ministre hongrois conseille à la «bulle bruxelloise» de combattre le coronavirus au lieu de s'occuper de la Hongrie.
Les échanges musclés entre l'Union européenne et le Premier ministre hongrois se poursuivent. Et ce 3 avril, c'est au tour de Viktor Orban d'attaquer. Critiqué cette semaine par la Commission européenne et seize Etats membres, il conseille à ses détracteurs de se concentrer sur la lutte contre le coronavirus.
«Je ne sais pas qui sont ces gens qui siègent dans la bulle bruxelloise», a déclaré le Premier ministre souverainiste hongrois à la radio publique. «On pourrait sauver des vies en travaillant ensemble et de quoi s'occupe Bruxelles ? De nous», a-t-il ajouté faisant référence à la déclaration de la présidente de la commission à son encontre.
Nous prendrons des mesures si nécessaire
La veille, Ursula von der Leyen s'était dite particulièrement préoccupée par la décision du parlement hongrois qui a accordé le 30 mars à Viktor Orban le droit de légiférer indéfiniment par ordonnances dans le cadre d'un état d'urgence motivé par la pandémie de Covid-19. «Nous prendrons des mesures si nécessaire», a-t-elle dit. Sur l'antenne de RT France, Pierre-Emmanuel Thomann, consultant en géopolitique, assure qu'il faudra suivre la situation avec attention.
Une réunion pour étudier une éventuelle exclusion du Fidesz du PPE
La détermination de Bruxelles semble réelle : treize formations membres du Parti populaire européen (PPE), la première famille politique de l'Union européenne, ont réclamé le 2 avril l'exclusion du Fidesz, la formation du Premier ministre hongrois. La demande doit être examinée lors d'une réunion extraordinaire dont la date n'est pas précisée. Ce sera la troisième fois que le PPE discute d'une mesure d'exclusion concernant le Fidesz, déjà suspendu depuis mars 2019 sine die. Les précédentes tentatives ont échoué, notamment en raison du soutien que lui a apporté la CDU, le parti allemand auquel appartiennent la chancelière Angela Merkel et Ursula von der Leyen.
On marche sur la tête
Le Premier ministre hongrois a vigoureusement réagi dans une lettre adressée vendredi au secrétaire général du PPE, Antonio Lopez-Isturiz White. «On marche sur la tête. Avec tout mon respect, je n'ai pas le temps de discuter d'autre chose que du coronavirus», a écrit Viktor Orban dans ce courrier.
La Hongrie visée par une procédure pour violation des valeurs de l'UE
Il doit aussi faire face à la déclaration commune de 16 Etats, soit la majorité des membres de l'UE, dont l'Allemagne, qui ont mis en garde le 2 avril contre les violations de l’État de droit dans l'Union européenne au motif de lutte contre la pandémie de Covid-19.
La Hongrie fait l'objet d'une procédure dans le cadre de l'article 7 du traité de l'Union pour violation des Valeurs de l'UE, qui peut en théorie déboucher sur des sanctions. Le 4 février dernier à Rome, Viktor Orban avait déjà critiqué plusieurs figures et dirigeants souverainistes européens.
La Hongrie comptait officiellement ce 3 avril 623 malades du Covid-19 qui y a fait 26 morts.