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Venezuela : l'opposant controversé Juan Guaido doit comparaître pour «tentative de coup d'Etat»

Dans le cadre d'une enquête pour «tentative de coup d'Etat» et «tentative de magnicide» contre le président vénézuélien Nicolas Maduro, l'opposant politique Juan Guaido est cité à comparaître devant le ministère public.

Autoproclamé président par intérim du Venezuela bien que fortement contesté au sein même de l'opposition, Juan Guaido est convoqué le 2 avril par le ministère public dans le cadre d'une enquête pour «tentative de coup d'Etat» et «tentative de magnicide» contre le président élu Nicolas Maduro, ouverte «après la découverte en Colombie d'un arsenal de guerre destiné au Venezuela».

«Nous avons cité à comparaître le citoyen Juan Guaido jeudi prochain devant ce ministère public», a fait savoir le procureur général de la République Tarek William Saab, lors d'une déclaration retransmise à la télévision vénézuélienne.

Comme le rapporte l'AFP, le gouvernement vénézuélien a en effet dénoncé le 25 mars une tentative de coup d'Etat après la découverte en Colombie d'un stock d'armes incluant notamment 26 fusils d'assaut, des lunettes de vision nocturne et de l'armement silencieux, selon le ministre de la Communication Jorge Rodriguez. Cette découverte intervient en période de crise entre Bogota et Caracas, les deux diplomaties ayant rompu leurs relations au début de l'année 2019.

Les Etats-Unis proposent un nouveau «cadre pour une transition démocratique» 

Simultanément à l'annonce de la convocation de Guaido par le procureur général de la République, des responsables américains ont fait savoir ce 31 mars que l'administration Trump était prête à lever les sanctions contre le Venezuela à condition que soit étudiée une nouvelle proposition visant à former un gouvernement de transition représentant les alliés du président Nicolas Maduro et de l'opposant Juan Guaido.

La diplomatie américaine s'est ainsi de nouveau invitée dans la politique vénézuélienne en proposant un nouveau «cadre pour une transition démocratique», suggérant un schéma selon lequel Maduro et Guaido devraient «tous les deux» renoncer dans l'immédiat au pouvoir exécutif, confié pendant «une période de transition» à un «Conseil d'Etat» mis en place par «des élus de l'Assemblée nationale issus des deux camps», a déclaré le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo.

Ce Conseil d'Etat serait chargé d'organiser des élections présidentielle et législatives «libres et justes» dans un délai de six à douze mois.

Le gouvernement bolivarien réitère que le Venezuela n'accepte ni n'acceptera jamais de tutelle d'aucun gouvernement étranger

L'administration américaine a précisé que Juan Guaido resterait président de l'Assemblée nationale durant cette transition et serait ensuite autorisé à se présenter à la présidentielle. «La pression économique continuera jusqu'à ce que Maduro accepte une véritable transition démocratique», a tweeté le secrétaire d'Etat Mike Pompeo.

Rejet d'une quelconque tutelle étrangère 

Le plan américain a immédiatement été salué par l'opposant Juan Guaido qui a tweeté pour «remercier les États-Unis de leur soutien à la formation d'un gouvernement d'urgence et d'un conseil d'État pour résoudre la crise». Le chef de la diplomatie vénézuélienne a quant à lui vivement réagi en publiant un communiqué. «Compte tenu de la prétention du Département d'État américain d'imposer dans notre pays une pseudo-proposition interventionniste pour mettre en place un gouvernement sous tutelle, le gouvernement bolivarien réitère que le Venezuela n'accepte ni n'acceptera jamais de tutelle d'aucun gouvernement étranger», a écrit Jorge Arreaza sur son compte Twitter.

Dans la nuit du 31 mars, sur fond de gestion de la crise du coronavirus dans le pays, le président Nicolas Maduro recevait pour sa part l'opposant Luis Parra, élu président de l'Assemblée nationale du pays lors d'élections houleuses que Juan Guaido avait perturbées. «Je souscris à la proposition du député Luis Parra, président de l'Assemblée nationale, d'aller à un dialogue national qui nous conduit à un grand accord humanitaire de toutes les forces politiques, sociales et religieuses du pays pour faire face à la pandémie et aller au-delà», a déclaré Nicolas Maduro.

Luis Parra semble en effet plus disposé à tenir un dialogue constructif avec le gouvernement. «La vie et la santé de notre peuple sont au-dessus de toute différence politique, c'est pourquoi nous remplissons notre devoir constitutionnel d'aider le Conseil d'État au nom du pouvoir législatif national», a écrit l'opposant sur son compte Twitter, à l'issue de la rencontre avec le président vénézuélien.

En tout état de cause, l'opposition vénézuélienne s'avère particulièrement divisée au sujet de Juan Guaido, dans un pays dont les réserves pétrolières – parmi les plus importantes du monde – suscitent les convoitises non-dissimulées de Washington.