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«Traître !», «Assassin !», «Assez des sanctions !» : retour chaotique de Juan Guaido au Venezuela

Le chef de file de l'opposition vénézuélienne Juan Guaido a vécu un retour chaotique à l'aéroport de Caracas le 11 février, revenant d'un long déplacement international en recherche active d'appuis extérieurs.

De retour d’une tournée internationale, Juan Guaido – autoproclamé président par intérim du Venezuela depuis janvier 2019 et principal opposant à Nicolas Maduro – est arrivé, le 11 février, à l’aéroport international Simon Bolivar à Caracas, la capitale vénézuélienne, sous les huées et invectives de nombreux opposants.

Les tensions ont éclaté pour la première fois lorsque Juan Guaido a passé le contrôle de l'immigration. Alors qu'il parlait à un agent d'immigration, il a été soudainement confronté à une femme en colère qui l'a accusé de «vendre le pays».

«Traître ! Tu es un traître à la patrie !», s'écrie une employée de la compagnie aérienne d'Etat vénézuélienne Conviasa, sanctionnée depuis le 7 février par les Etats-Unis. Les travailleurs de l'entreprise, qui compte 2 000 personnes, s'estiment en effet directement victimes des sanctions demandées par Juan Guaido.

Une vive discussion s'en est suivie, au cours de laquelle une autre employée de Conviasa a aspergé le chef de l'opposition d'un soda.

Juan Guaido a ensuite traversé l'aéroport sous les huées et invectives de plusieurs centaines d'opposants, allant même jusqu'à le bousculer.

La foule a crié «Ya basta de sanciones !» (assez des sanctions !), puis scandé «Asesino !» (assassin).

Des échauffourées ont également éclaté entre les soutiens et opposants à Juan Guaido, lorsque celui-ci quittait l'aéroport. Toutefois, des membres du corps diplomatique l'attendaient et l'ont escorté jusqu'à un véhicule blanc en direction de la capitale.

Avant son arrivée mouvementée, Juan Guaido avec écrit sur Twitter : «Nous sommes à Caracas. J'apporte l'engagement du monde libre, prêt à nous aider à retrouver la démocratie et la liberté [...] Le moment est arrivé.»

Et d'ajouter dans un second tweet : «A toutes les forces politiques, à tous les secteurs de la vie civile, à toute la famille militaire : la dictature n'a jamais été aussi seule. Ainsi, aujourd'hui plus que jamais, l'unité, la confiance et la discipline politique seront nécessaires.»

Juan Guaido a ensuite participé à une réunion publique où il a appelé, devant environ 500 partisans, à de nouvelles manifestations contre le pouvoir. «Nous sommes venus ici pour travailler [...] pour faire tout ce qui est nécessaire pour atteindre l'objectif» de renverser Nicolas Maduro, a-t-il lancé, selon des propos rapportés par l'AFP.

Retour chaotique d'une tournée internationale en quête de soutien

Juan Guaido, 36 ans, a débuté une tournée internationale de 23 jours le 19 janvier, au cours de laquelle il s'est à nouveau rendu en Colombie, ainsi que dans plusieurs pays européens dont la France, le Canada et les Etats-Unis.

Le 7 février, Juan Guaido avait été reçu par le président américain Donald Trump, qui lui avait réitéré son soutien et promis de briser la «tyrannie» du président socialiste vénézuélien Nicolas Maduro, d'après l'AFP. Bien que reconnu par une cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis, l’Union européenne et le groupe de Lima, Juan Guaido ne fait pas l’unanimité dans son propre pays où il a été déchu de son poste de président de l’Assemblée nationale, battu le 5 janvier par Luis Parra.

En un an, la popularité du chef de file de l'opposition, qui tente, sans succès, depuis plus d'un an d'évincer Nicolas Maduro, a chuté, passant de 63% à 38,9%, selon le cabinet Datanalisis. Les tentatives récentes de l'opposant de remobiliser les Vénézuéliens pour manifester contre le gouvernement ont par ailleurs été un échec.

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