En raison de la pandémie mondiale de coronavirus qui a fait près de 21 000 morts et confiné presque la moitié de la planète, le chef d’Etat-Major des armées François Lecointre a annoncé le 25 mars le rapatriement imminent des soldats français stationnés en Irak. «La France a décidé de rapatrier jusqu’à nouvel ordre le personnel de l’opération Chammal déployé en Irak dans ce cadre», a-t-il souligné dans un communiqué mis en ligne sur les réseaux sociaux dans la soirée, ajoutant que ce rapatriement commencerait «le 26 mars», et que la décision avait été prise en accord avec «le gouvernement irakien» et «la coalition» emmenée par les Etats-Unis. Cette décision survient alors qu'Emmanuel Macron a annoncé le lancement de l'opération Résilience, qui consistera à mobiliser l'armée française pour différentes missions directement liées à la lutte contre le Covid-19.
La mesure concerne «la centaine de soldats engagés dans le pilier "formation" auprès de l’armée irakienne, ainsi que les éléments de soutien national stationnés au sein de de l’état-major de l’Opération Inherent Resolve (OIR) à Bagdad», est-il précisé dans le document. Néanmoins, toujours d’après François Lecointre, la France restera «engagée au Levant [en Syrie et en Irak], car la lutte contre Daech continue» et «reprendra ses activités de formation dès que la situation le permettra».
Depuis le 22 mars, l’Irak a imposé des mesures nationales pour faire face au virus, les autorités faisant état de 20 décès des suites de la maladie et de 233 cas confirmés de Covid-19.
La nouvelle fait écho à la décision américaine, rendue publique le 20 mars par le United States Central Command (Centcom, entité du département de la Défense notamment responsable des opérations militaires au Moyen-Orient), de rappeler ses troupes présentes sur le sol irakien. «Pour prévenir une propagation du Covid-19, l'armée irakienne a suspendu tout entraînement. Par conséquent, la coalition va renvoyer temporairement dans leurs pays dans les jours à venir certains de ses éléments spécialisés dans la formation», avait-il fait savoir dans un communiqué daté du 20 mars, admettant que désormais «la coalition soutiendra les forces irakiennes depuis moins de bases, avec moins de monde».
Cependant, l’Irak, qui peine à se reconstruire après la guerre menée sur son sol par les Etats-Unis depuis 2003 mais aussi suite à la partition du pays résultant de l'implantation de Daesh, pourrait paradoxalement pâtir de ce retrait, pourtant encore réclamé en début d'année par le Parlement.
En effet, ce 26 mars, deux roquettes ont été tirées sur la «Zone verte» de Bagdad, où est notamment située l’ambassade des Etats-Unis. Il s'agit de la 26e attaque de ce type en à peine six mois. L’instabilité institutionnelle en Irak laisse ainsi présager d’une lutte farouche pour le contrôle du pays. Reste à savoir qui l’emportera et s’il réussira à unifier l’Irak pour la sortir de sa torpeur.
Côté français, si les troupes de l’opération Chammal, lancée il y a plus de cinq ans, le 19 septembre 2014 contre Daesh seront donc rapatriées, aucune mention n'a été faite dans l'immédiat des militaires déployés au Sahel dans le cadre de l’opération Barkhane. Plus 5 000 soldats français se trouvent actuellement dans la région alors qu’y sont détectés les premiers cas de Covid-19 et recensés les premiers morts. Le 25 mars, le Mali a annoncé ses deux premières contaminations confirmées au coronavirus suivant le Niger et le Burkina Faso, dans lequel 4 personnes ont trouvé la mort des suites de la maladie.