Liban : le Hezbollah ouvert à une aide du FMI dans des «conditions raisonnables»
- Avec AFP
Alors que le Liban fait face à une importante crise financière, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s'est montré réceptif à une aide du FMI, à condition que celle-ci soit dénuée d'intentions d'ingérence étrangère.
Le chef du mouvement chiite libanais Hezbollah, allié de l'Iran, a affirmé le 13 mars que toute éventuelle aide du FMI au Liban, en proie à une crise financière aiguë, devrait être assortie de «conditions raisonnables», loin de toute velléité de «tutelle» étrangère.
Si le FMI veut fournir une aide au Liban et que les conditions qu'il impose ne sont pas en contradiction avec la Constitution et nos intérêts nationaux, nous n'avons pas de problème
«Toute aide sous des conditions raisonnables [...] ne pose aucun problème de principe», a affirmé Hassan Nasrallah dans un discours retransmis par la chaîne du parti al-Manar, soulignant toutefois son refus de toute «mise sous tutelle» du pays en défaut de paiement depuis le 9 mars pour la première fois de son histoire. «Si le FMI veut fournir une aide au Liban et que les conditions qu'il impose ne sont pas en contradiction avec la Constitution et nos intérêts nationaux, nous n'avons pas de problème», a souligné le chef du Hezbollah. Cette position intervient moins d'une semaine après l'annonce par le Premier ministre libanais, Hassan Diab, de l'incapacité du pays, en proie à une crise économique sans précédent depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), de s'acquitter d'une échéance de dette de 1,2 milliard de dollars qui devait être honorée le 9 mars.
Le Hezbollah s'était opposé ces dernières semaines à toute éventuelle aide du FMI au Liban. Dans son allocution, Hassan Nasrallah a toutefois souligné son refus de toute «mise sous tutelle» du Liban, ou de «confier la gestion financière et économique [du pays] à une autorité dictant» des conditions en contrepartie d'une aide. Il a notamment évoqué à ce sujet une éventuelle demande de naturalisation des réfugiés palestiniens établis au Liban, proscrite par la Constitution, ou de réforme fiscale prévoyant une hausse de la TVA.
Le FMI a exhorté le 12 mars le Liban à mettre «rapidement» en œuvre une série de réformes pour endiguer le marasme économique, alors que le pays est désormais en défaut de paiement. «Compte tenu de la gravité des conditions économiques au Liban, il est important que le gouvernement conçoive et mette rapidement en œuvre un ensemble complet de réformes pour relever efficacement les défis économiques», a déclaré Gerry Rice, le porte-parole du FMI. Avec une dette de 92 milliards de dollars – 81,5 milliards d'euros, soit environ 170% du PIB –, le Liban fait partie des pays les plus endettés au monde. Le FMI est «prêt à aider les autorités dans ces efforts, mais encore une fois, il n'y a eu aucune demande de soutien financier», a ajouté Gerry Rice.
Le Liban avait requis en février une assistance technique du FMI, mais n'a toujours pas formulé de demande d'aide financière auprès de l'organisation. Le 7 mars, le Premier ministre libanais avait dévoilé une restructuration à venir de la dette, après des négociations avec les créanciers.